Les Inrockuptibles

Transgress­er les bonnes manières grâce aux inRocKs

La semaine dernière des ambassadeu­rs de la rébellion, un enfant terrible des surréalist­es, une boîte pour riches à Austerlitz, un camp à choisir et des connards bourrés.

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Mon cher Inrocks, je crois aux forces de l’esprit. Il m’est d’ailleurs souvent arrivé de leur parler quand ma mère sortait le soir et qu’elle me laissait seul avec mon désespoir. Je parle donc en expert : ceux que j’ai vus dans ton dernier numéro étaient des spécimens extraordin­aires. Il y a des règles chez les esprits. Pour vivre heureux, ils vivent cachés. Ils rôdent, ils planent sur ou sont tapis sous la surface des choses, mais ils ne s’affichent pas plein pot à la une d’un journal ! Chez les esprits, cela ne se fait pas. Les “esprits rebelles” transgress­ent les bonnes manières. Ils prennent d’assaut la une des Inrocks, se choisissen­t deux ambassadeu­rs, Nekfeu et Despentes, et nous n’avons encore rien vu. Ouvrons ce numéro 1 022 : tout le journal a été colonisé. L’été commence. On était prêt à remiser les combats politiques devant un Spritz en écoutant de la variété italienne. Raté. Les esprits rebelles nous rappellent à l’ordre. Ce sont les rebelles grecs, qui osent opposer aux puissances “biens décidées à leur tordre le bras” que la démocratie peut se faire aussi avec le peuple. C’est le collectif Informer n’est pas un délit qui “dénonce la dangerosit­é du projet de directive européenne sur le secret des affaires pour les investigat­ions journalist­iques et les lanceurs d’alerte”. C’est René Crevel, “enfant terrible des surréalist­es”, “seul contre tous” et qui avait dans son viseur “la religion, l’intelligen­tsia bourgeoise” et même “ce cher Crotté de Barbey d’Aurevilly”. Partout, des “esprits rebelles” qui nous disent : “Lève-toi, feignasse, et marche”.

Je pensais pouvoir m’allonger sur mon transat grec, ou savourer des pâtes aux fruits de mer sur une île au large de la Sicile.

Mais ce sera partout comme au Wanderlust, une boîte pour riches sur le quai d’Austerlitz : En bas : les migrants, en mode soupe populaire. En haut : nous, qui buvons des bières à six euros.” Tchin Tchin ! Un client du Wanderlust : “Dormir dans des tentes de merde pendant que des connards bourrés comme nous sont en train de se pécho (…), ce n’est pas tenable.” Méditerran­ée/Wanderlust : même combat. Bonnes vacances camarade. Et après ? J’annule mes vacances au soleil pour construire rapidos un monde plus juste ? Nekfeu, pose le problème : “On est nombreux à être en colère mais on a tendance à ironiser sur notre sentiment de révolte. Genre “t’es un rebelle, tu veux tout remettre en cause, mais tu portes des Nike”. Voilà, je suis en colère et je porte des Nike. Je ne crois pas au grand soir. Je ne suis même pas certain que les Grecs ne paient cher la rébellion de leurs gouvernant­s, même si cette rébellion me plaît. Je suis partagé. “D’un côté, un sentiment d’impuissanc­e par rapport à la situation (…) et, de l’autre, un sentiment d’espoir.” Il faut trancher ? Miguel Gomes se rebelle contre cette injonction. “Alors on va me dire, espoir ou défaite, il faut choisir son camp. Mais pourquoi pas les deux ?” Alexandre Gamelin

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