Les Inrockuptibles

Divins lecteurs

Le Marquis de Sade pour elle, Thomas Bernhard pour lui. Isabelle Huppert et Nicolas Maury incarneron­t les mots de ces deux dissidents de génie. Leur présence commune à Avignon a donné l’idée de ce dialogue et permis à un fan de rencontrer son actrice favo

- Propos recueillis par Jean-Marc Lalanne photo David Balicki pour Les Inrockupti­bles

Au théâtre sous la direction de Guillaume Vincent, Robert Cantarella, Galin Stoev, mais aussi au cinéma chez Philippe Garrel, Nicolas Klotz, Rebecca Zlotowski ou Yann Gonzalez, Nicolas Maury s’est rapidement imposé comme l’un des interprète­s les plus touchants et originaux de sa génération. Nous connaissio­ns son admiration pour Isabelle Huppert. Tous deux sont à Avignon pour des lectures (Sade pour elle, Thomas Bernhard pour lui). L’occasion d’initier un dialogue.

Isabelle, qui a eu l’idée de ce montage d’extraits de deux textes de Sade, Juliette et Justine…, que vous lirez à Avignon ?

Isabelle Huppert –

Olivier Glucksmann, qui dirige la société Les Visiteurs du soir. Ça faisait longtemps qu’il me parlait de ce projet de lecture. Un jour, il est venu me proposer ce montage fait par Raphaël Enthoven, opposant ces deux figures féminines très contrastée­s, Juliette et Justine. C’est assez amusant de donner accès à deux figures contraires. Justine et Juliette expriment deux postures existentie­lles fortes, deux positionne­ments sur la question du bien, du mal, de l’accompliss­ement de soi. Le discours de Justine est par moments picaresque, très visuel, avec tous ses voyages entre le Dauphiné et la Drôme. Avec des moments assez drôles, presque comiques, dans l’accumulati­on des déboires. Le discours de Juliette est plus conceptuel, théorique dans sa cruauté perverse.

Il y aura un travail de mise en scène ? Isabelle Huppert –

Disons un soutien technique à la lecture, avec un travail d’éclairage permettant d’identifier s’il s’agit de Juliette ou de Justine. Mais c’est vraiment très minimal, ce n’est même pas une mise en espace.

L’idée de monter cette simple lecture dans l’espace un peu impression­nant de la Cour vient-elle d’Olivier Py ?

Isabelle Huppert –

Oui, je crois. J’ai tout de suite accepté parce que j’avais super envie d’y retourner. Je n’y avais pas joué depuis Médée de Jacques Lassalle (2000). C’est une scène que j’aime vraiment beaucoup… Tu y as joué aussi, Nicolas ?

Oui, les Feuillets d’Hypnos de René Char par Frédéric Fisbach. C’est incroyable, la Cour. Mais c’est aussi très puissant. Il y a beaucoup de publics différents, qui n’ont pas tous le même

Nicolas Maury –

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