“il fallait qu’Amy soit le personnage principal du film, et non pas un simple sujet, commenté à distance par des témoins de sa vie”
Asif Kapadia
vibrant soit-il, ne fut pas du goût de tout le monde. Quelques semaines avant le Festival de Cannes, une première projection, organisée à Londres pour les membres de la famille, vira à la violente crise de nerfs. Raquel Alvarez était présente. Elle raconte : “Le père d’Amy Winehouse, qui avait accepté de participer au documentaire et donna une interview à Asif, est sorti de la salle en état de choc. Il a pris l’auteur à partie, disant que ça ne passerait pas, qu’il ne voulait pas être montré sous cet angle.” Dans un communiqué officiel appelant au boycott du film, Mitch Winehouse explicitait ainsi ses griefs : “Le documentaire est une opportunité ratée de célébrer la vie et le talent d’Amy. Il est trompeur et contient certaines contre-vérités basiques.”
Plusieurs fois mis en cause par des intervenants du film qui lui reprochent d’avoir voulu faire du fric sur le dos de sa fille et retardé son entrée en rehab,
le père de la star dénonçait aussi des interviews à charge et des manipulations dans le montage. Des accusations balayées par Asif Kapadia, qui précise qu’aucun procès n’a été intenté contre lui et défend avec fermeté ses méthodes : “Nous savions que son père ne serait pas favorable au film, mais tout ce que nous avons gardé au montage a été confirmé par plusieurs sources. Il doit juste comprendre que le documentaire n’est pas dirigé contre lui et qu’à aucun moment nous n’avons voulu le rendre responsable de la mort de sa fille. Amy est morte pour un tas de raisons emmêlées : un enchaînement de mauvaises décisions, d’erreurs irréparables… Il ne s’agit pas de dire qui est coupable mais de chercher à comprendre ce qui a créé les conditions de sa dépression.”
Une scène particulière du documentaire revient ici en mémoire. Elle montre Amy Winehouse en pleine rechute, partie s’installer quelques jours sur l’île de Sainte-Lucie, loin de la folle pression médiatique. Son père la rejoint très vite, avec une équipe de télé-réalité avec qui il a signé un contrat d’exclusivité. Dans les yeux de la chanteuse voyant la caméra se lit alors l’effroi soudain d’être à nouveau filmée. Encore une fois capturée vivante par les images.