Djian, professeur de désir Les ateliers d’écriture,
À quoi ça sert ? Comment ça fonctionne ? Philippe Djian a invité Les Inrockuptibles à assister au cours qu’il donne depuis trois ans dans les salons de Gallimard.
En ce mercredi soir, tandis que les employés de Gallimard quittent le bâtiment après leur journée de travail, une dizaine de personnes y entrent. Elles passent devant un mur où sont accrochés les portraits des auteurs historiques de la vénérable maison, longent un couloir sombre qui débouche sur un salon somptueux, avec ses dix mètres sous plafond et son gigantesque miroir aux ornementations dorées. Leur salle de classe. Comme chaque mois, les élèves de Philippe Djian viennent assister à son atelier d’écriture.
Djian professeur est assis face à eux, répartis de part et d’autre d’une grande table : cinq à gauche, six à droite. Manches retroussées, jambes croisées sous la table, santiags aux pieds. “Par qui on commence ? Christian n’est pas là, c’est dommage, car c’est plutôt bien ce qu’il a fait. Il tient le bon bout. Bon, après, j’ai Chloé…” Il s’empare d’une copie, parcourt ses notes. “Chloé, tu as une belle langue, un style adapté à ce que tu racontes. Tu as mis au point une espèce d’humour décalé qui m’amuse beaucoup. J’ai envie de lire la suite. J’ai pas fait beaucoup de corrections, juste quelques petits réglages. Tu verras, je suis pas sur de l’italique dans ce paragraphe. Qu’est-ce que vous en pensez ?”, lance-t-il à la salle en redressant la tête. Ma voisine de gauche opine de la tête : “Oui, ça fonctionne.” Acquiescements.
L’ambiance est décontractée, le tutoiement d’usage. On perçoit des connivences, des complicités. Ils se connaissent depuis presque deux ans, ont déjà fait “l’atelier un” ensemble, l’année dernière (celui-ci consistait en des exercices pratiques).