Les Inrockuptibles

Le cool dans les veines

Grande première : Salut C’est Cool publie un nouvel album via un label. Mais ne change pas la recette d’un projet à l’horizon de l’art total.

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On aime ouvrir des portes.” Quand James dit ça en interview, il parle évidemment de façon imagée. Il pointe du doigt les cloisons entre les genres (artistique­s en général, musicaux en particulie­r) et les efforts de Salut C’est Cool pour continuer d’inventer un monde à soi. Mais envisagée stricto sensu, cette phrase colle tout aussi bien au groupe : “On aime ouvrir des portes” pourrait être le titre d’un de ses morceaux, ou bien le thème répétitif d’un clip monté avec trois fois rien. Ou encore une blague absurde de quatre amis rencontrés en école d’art.

Sur leur nouvel album, Martin, Vadim, Louis et James signent des chansons titrées Des formes et des couleurs, Bibliothèq­ue, Les Fleurs, Je suis en train de rêver, Globules, Au supermarch­é… La question du quotidien et de la normalité, de la sublimatio­n du banal et du regard posé sur les choses – autant de sujets pour l’art depuis Marcel Duchamp – se place donc, encore une fois, au centre des réflexions de Salut C’est Cool.

Depuis ses débuts, le groupe a publié quatre albums sur son site internet (salutcestc­ool.com) – un site devenu, au-delà de la musique, un vaste terrain d’expériment­ation esthétique. Martin : “Quand on a créé Salut C’est Cool, notre monde manquait d’espaces de fête. Ce groupe est devenu notre bac à sable, on s’y amuse beaucoup, on essaie plein de choses. On aime bien bricoler tout ce qu’on fait, depuis nos clips et nos morceaux jusqu’à nos styles vestimenta­ires.”

Pour un cinquième album titré Sur le thème des grandes découverte­s, Salut C’est Cool tente une nouvelle expérience : celui des réseaux officiels. Après que leur réputation sur scène et le bouche à oreille ont pris de l’ampleur, les garçons ont en effet franchi le pas et signé chez un label, Barclay – juste de quoi se placer pour de bon à la hauteur des attentes. Forts d’une centaine de concerts en forme de happenings incontrôla­bles, où un public toujours plus large est séduit par leur fraîcheur, leur insoucianc­e, leur sens inné de la fête, les garçons avaient besoin de passer à la vitesse supérieure. Louis : “Avec cet album, on a passé vachement plus de temps à écouter les sons, à se pencher sur le mixage, ce genre de choses. On s’est beaucoup appliqué. C’était plus laborieux, en fait, parce qu’on était plus critique que d’habitude. On avait envie d’un son plus sophistiqu­é. Depuis l’album précédent, on a fait beaucoup de concerts, on a rencontré plein de gens… Il fallait rendre les choses plus écoutables.”

Le résultat se décrit très simplement : Sur le thème des grandes découverte­s est du Salut C’est Cool tout craché, mais avec une meilleure production. Juste de quoi profiter encore davantage de chansons tantôt frénétique­s, tantôt poétiques, toujours bercées par la grâce dada de textes dont la légèreté avance masquée. Car Salut C’est Cool ne laisse pas forcément deviner ses accointanc­es avec l’art postintern­et, le mouvement PC music ou encore l’héritage des sous-cultures de la teuf : ici, la recherche et la création se vivent à corps perdu, sans dogmes ni frontières, avec une innocence jusqu’au-boutiste.

Vadim : “L’idée que l’art soit dans la rue, dans l’air, partout, c’est une idée qu’on aime bien. Mais c’est une utopie : ce n’est pas le cas, et ça ne le sera jamais.” Alors ils dansent. Maxime de Abreu album Sur le thème des grandes découverte­s (Barclay) concert le 11 juillet aux Francofoli­es de La Rochelle, puis en tournée salutcestc­ool.com

“ce groupe est devenu notre bac à sable, on s’y amuse beaucoup, on essaie plein de choses”

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