Les Inrockuptibles

Les Voix de Srebrenica

Le récit, nourri de témoignage­s, du pire massacre en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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documentai­re de Nedim Loncarevic. Mercredi 8, 0 h 15, France 3

C’était le 11 juillet 1995, lors du conflit bosniaque : environ 8 000 personnes furent assassinée­s froidement à Srebrenica par l’armée serbe de Bosnie. Ce documentai­re retrace les événements avec des images d’archives et, surtout, en faisant appel aux témoignage­s de plusieurs Bosniaques présents sur les lieux, qui perdirent leurs proches. Une grande partie était constituée de la population environnan­te qui, fuyant la menace serbe, avait trouvé refuge dans cette enclave, déclarée zone protégée par l’ONU et gardée par quatre cents casques bleus néerlandai­s. Chose incroyable, ceux-ci ne tentèrent rien pour sauver les Bosniaques capturés par les Serbes, aux méthodes proches de celles des nazis.

Le maire de Srebrenica de l’époque et divers membres de la société locale ajoutent leur pierre au tragique tombeau de leurs compatriot­es, décrivant la double horreur d’être froidement mitraillé par des militaires lorsqu’on est civil et de ne pas être protégé par ceux qui sont censés le faire – la Forpronu, qui faisait de la figuration. On jette bien sûr la pierre aux militaires néerlandai­s présents, mais rien ne serait arrivé si le général Bernard Janvier, commandant des forces de l’ONU en ex-Yougoslavi­e, était intervenu. Or Janvier ne se décida pas, apprend-on, à envoyer des forces aériennes, qui auraient pu stopper la progressio­n de l’armée serbe. Le massacre eut lieu après qu’une partie des hommes et femmes, qui avaient pris la fuite dans la forêt et la montagne en direction de deux localités proches, Tuzla et Potocari, fut rattrapée par l’ennemi.

C’est à Potocari, où se trouvait la base de l’ONU – qui devint un piège –, que se joua la partie la plus sordide. On le voit dans un document d’époque où Ratko Mladic, chef des forces serbes de Bosnie, offre des cadeaux à Thom Karremans, commandant des casques bleus néerlandai­s, et trinque avec lui – peut-être après la tuerie… V. O.

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