Shadoks en stock

Les célèbres oiseaux rondouillards de la télévision des sixties ont dorénavant leur propre chaîne YouTube.

Et ils pompaient, pompaient, pompaient… et à force de pomper, ils ont fini par entrer dans la légende de la télévision française. Ils ? Les Shadoks, bien sûr. Drôles d’oiseaux rondouillards, pareils à des hérons petits patapons, évoluant dans un monde régi par une méthodique logique nonsensique (“S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème”, selon l’une de leurs plus fameuses devises), ils furent les protagonistes (avec les Gibis, leurs rivaux nettement plus futés) d’une série d’animation dont la diffusion débuta fin avril 1968 – de là à dire qu’elle procédait d’un esprit révolutionnaire, il y a un pas que beaucoup n’hésitent pas à franchir.

Créée par le producteur/ concepteur de dessins animés Jacques Rouxel, à l’aide d’une nouvelle machine baptisée animographe, et narrée par l’inimitable Claude Piéplu, la série ne tarda pas à creuser un infranchissable fossé entre ses zélateurs, émerveillés à la fois par la simplicité épurée du trait et l’étrangeté délurée du ton (dans la lignée souverainement iconoclaste du Ubu de Jarry), et ses contempteurs, horripilés au dernier degré par cet univers (très) à part. Au total, quatre saisons ont été réalisées, de 52 épisodes chacune, les trois premières diffusées entre 1968 et 1973, la quatrième en 2000, conclusion ad hoc de la saga Shadoks – 4 étant le chiffre fondamental de leur système de pensée : ils utilisent un vocabulaire de quatre mots (“Ga”, “Bu”, “Zo”, “Meu”), qui leur servent aussi de base numérique.

En collaboration avec AAA, la société de production de Jacques Rouxel (mort en 2004), l’INA vient de lancer Shadok Tube, la première chaîne YouTube entièrement consacrée aux Shadoks. Conçue comme un joyeux bric-à-brac (ou plutôt bric-à-brok), dont le contenu va augmenter progressivement, cette chaîne déverse des vidéos diverses, pompées dans les anthologiques réserves de la série ou dans les sketches du courrier des Shadoks (dont Jean Yanne fut le principal ordonnateur), chaque vidéo répondant à une question bien précise. Exemples : “Comment reconnaître un Shadok ?”, “Les Shadoks sont-ils plus jolis que nos régions ?”, “Qu’est-ce que le Goulp des Shadoks ?”, “Qui sont les Gibis ?” ou encore “Comment compter comme les Shadoks ?”. Grâce à cette nouvelle chaîne chic et choc, vous saurez bientôt tout – et plus encore – sur les Shadoks. Jérôme Provençal Shadok Tube sur YouTube. L’intégralité de la série est disponible sur la boutique Ina.fr en VOD et DVD