Les Inrockuptibles

Couture, culture et jeune création la France terre de mode

Boutiques pointues, créateurs de renom, rendez-vous culturels et jeune création dynamique : la France – et surtout sa capitale – concentre tous les atouts pour être une surperpuis­sance de la scène mode. Focus sur Paris : pourquoi “la capitale de la mode”

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Héritage et histoire

Des soieries de Lyon à la tradition du travail de la dentelle dans le Nord, l’histoire française de la mode est bercée par l’industrie textile. Des production­s constammen­t en demande qui sont vendues dans les grands magasins parisiens du XIXe siècle – sublimés dans les romans de Zola – où des centaines de petites vendeuses font tourner la grande machine commercial­e. Les clientes les plus fortunées se tournent vers les maisons de couture privées. Charles Frederik Worth, couturier d’origine anglaise, s’installe place Vendôme en 1858, ouvrant la voie aux grands créateurs qui marquent le début du XXe siècle : Paul Poiret, Jean Patou ou Jeanne Lanvin habillent les coquettes, posant les bases d’un style qui sera copié partout dans le monde. Si peu de ces maisons historique­s subsistent, un petit tour avenue Montaigne révèle que la majorité des grandes marques de mode de nos jours sont hexagonale­s : de Christian Dior à Louis Vuitton en passant par Yves Saint Laurent, le luxe à la française perdure et s’exporte avec succès.

Paris au premier rang

Rappelons-le, la France est le seul pays à posséder sa propre semaine de la haute couture où, chaque saison, le meilleur des ateliers parisiens est présenté à une clientèle prestigieu­se et exclusive. Pour les autres, il y a le prêt-à-porter : deux fois par an, journalist­es et acheteurs internatio­naux convergent à Paris pour la semaine du prêt-à-porter, dernière des quatre fashion weeks des pays possédant des calendrier­s officiels, pour découvrir les folies de Karl Lagerfeld au Grand Palais ou les créations étonnantes de John Galliano pour Maison Martin Margiela. Et pour ceux qui sont avides de talents frais, direction les salons et festivals où la jeune création est mise à l’honneur : du Who’s Next, gigantesqu­e foire célébrant l’innovation, au festival d’Hyères, rendez-vous annuel récompensa­nt les créateurs internatio­naux les plus audacieux. Cette année à Hyères, coup de coeur pour les silhouette­s du duo finlandais Hanne Jurmu et Anton Vartiainen dont les créations composées de fleurs fanées incorporée­s dans la résine ont reçu la mention spéciale du jury.

Un vivier de créateurs, établis comme émergents

Comment expliquer ce vivier de créateurs tous plus innovants les uns que les autres ? A Paris, c’est du côté des écoles de mode de renom qu’il faut aller fouiner, comme l’école de la Chambre syndicale de la couture qui a vu défiler des élèves prestigieu­x : André Courrèges, Issey Miyake ou un certain Karl Lagerfeld. Ou alors au détour d’une artère comme le passage du Prado dans le Xe arrondisse­ment : c’est là que la créatrice de mode Christelle Kocher présente sa dernière collection de street couture qui en fait un des noms à suivre de la scène mode émergente. “C’est la rue et les gens autour de moi qui m’inspirent”, racontet-elle à propos de sa marque Koché. Autres designers en vogue, le duo Noir Noir sublime les vestiaires modernes de ses imprimés surannés, inspirés de tapisserie­s anciennes ou d’estampes asiatiques. “Pour se démarquer, il est important de s’intéresser à d’autres médiums que la mode et de s’en nourrir”, estiment les deux créateurs. Autant de partis pris qui braquent les projecteur­s sur une scène parisienne moins explorée, plus explosive.

Résultat :

un marché dynamique basé sur la mise en avant de créations indépendan­tes, vendues dans des boutiques plus pointues les unes que les autres. Si chez Colette, fleuron de la hype rue Saint-Honoré, on trouve tout – de la dernière Apple Watch aux baskets les plus rares –, le concept store The Broken Arm laisse la part belle aux jeunes créateurs, du prisé Raf Simons au streetwear russe signé Gosha Rubchinski­y, en passant par le collectif Vêtements. Un signe indéniable d’une clientèle en demande qui pousse les grands noms du retail à poser leurs valises à Paris, comme en témoigne l’ouverture de la boutique parisienne Supreme, installée en mars dernier dans le Marais. Paris se réinvente…

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Koché, collection été 2016
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