Preacher, sacré calvaire

Inspirée d’un comics culte pour adultes et hantée par la religion, la série produite par Seth Rogen pèse trop lourd.

Soixante-quinze épisodes de Preacher, le comics créé par Garth Ennis et Steve Dillon, ont été publiés entre 1995 et 2000 dans la collection Vertigo de DC Comics, destinée à un public adulte. L’histoire d’un pasteur possédé par le mal qui part à la recherche de Dieu, entouré par une poignée de paumés plus ou moins sanguinaires (et accessoirement vampires ou anges) dans le Texas profond.

Seth Rogen, Evan Goldberg et Sam Catlin (scénariste de Breaking Bad) l’adaptent librement en série pour la chaîne AMC. Du matériau de départ, choquant et brutal, les créateurs ont édulcoré certains aspects, immontrables à la télévision. Mais il reste largement de quoi faire. Le pilote de Preacher est l’un des plus malaisants vus depuis longtemps, avec une dose vicieuse de violence et de sentiments mortels. Le monde décrit par la série est bien le nôtre, hanté par la religion et incapable de trouver un sens au dénuement contemporain. Mais la pertinence, parfois, ne suffit pas pour faire une bonne série.

Très morcelée, l’intrigue de Preacher est souvent absconse et c’est probablement volontaire. Les créateurs comptent sur l’effet que produisent les scènes en elles-mêmes, à force d’intensité et de grimaces. Une sorte d’effet choc d’où surgit un mélange d’humour noir et de terreur glaçante, mais beaucoup plus rarement d’émotion. Difficile d’enterrer une série dès son premier épisode – certaines ont pris leur vrai sens sur la durée. Mais, pour l’instant, Preacher ressemble à un chemin de croix. Un chemin de croix parfois inspiré, mais un chemin de croix quand même. O. J.

Preacher saison 1 chaque lundi, 20 h 40, OCS Choc. Disponible en replay