Ula Sickle monte le son

Avec Extended Play, la Canadienne installée à Bruxelles continue son exploration des mondes sonores.

On est entré comme par effraction dans le lieu de répétition mis à disposition par La Villette pour Ula Sickle et son équipe. Bien nous en a pris : une heure durant, on a assisté à une séance entre rituel emprunté au nightclubbing et brainstorming pop : Ula Sickle à la manoeuvre – quoique planquée derrière sa console –, la DJ et plasticienne Daniela Bershan – complice de la première heure - en embuscade et un casting rutilant de performers choisis parmi deux cents interprètes à Berlin et à Bruxelles.

Leur sujet d’étude : les modes de production de la musique actuelle, que la chorégraphe confronte à la danse. “Vous ne pouvez échapper à la pop de nos

jours, elle est partout”, clament d’une seule voix Ula et Daniela. L’une finit les phrases de l’autre (ou l’inverse) dans un étonnant ping-pong verbal. “Dans Extended Play, il s’agit de prendre la pop comme une matière vivante qui grandit, se détruit elle-même et

se reconstruit.” A l’heure de YouTube et autres canaux internet, Sickle propose un grand mix de peaux, de couleurs, de sonorités.

Certains ont découvert son travail avec Kinshasa Electric qui captait l’énergie de cette capitale, tout en interrogeant les racines d’une identité dans un monde standardisé. Depuis deux ans, cette création initiée par le théâtre KVS de Bruxelles tourne un peu partout en Europe. “Avec Kinshasa Electric, on a essayé de pénétrer une certaine culture des clubs propre à cette ville africaine. Aujourd’hui, je tente avec Daniela de rêver le futur de la pop.” Extended Play voit les danseurs générer la bande-son de cette performance en utilisant une technologie dédiée qui recrée l’illusion d’un DJ set pour corps et mouvements. Proposé dans une forme libre où tout le monde, artistes et spectateurs, est sur un pied d’égalité, cette pièce devrait jouer les prolongations le temps d’un diptyque sur les mécanismes de la pop. Philippe Noisette Extended Play conception, chorégraphie et musique Ula Sickle et Daniela Bershan, du 11 au 13 juin à Montreuil (La Parole Errante), dans le cadre des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis Kinshasa Electric conception et mise en scène Ula Sickle, le 13 juillet à Marseille (Friche La Belle de Mai), dans le cadre du festival de Marseille