L’Allemagne, terrain de jeu du street art
East Side Gallery à Berlin, quartier d’Ehrenfeld à Cologne, bâtiments désaffectés à Hambourg… L’Allemagne est un des berceaux du street art, forme d’art sauvage qui vient habiller et colorer le paysage urbain à coups de graffitis, fresques, affiches ou co
Berlin, berceau underground
Un baiser entre deux politiciens, symbole de la réunion entre l’Est et l’Ouest, est représenté sur un pan est du mur de Berlin – l’image fait le tour du monde en 1990, à la suite de la chute du Mur, mais l’oeuvre de Dmitri Vrubel peut encore être admirée en 2016 (bien que repeinte) sur son lieu de conception, la East Side Gallery de Berlin. Le paysage industriel berlinois ainsi que ses nombreux bâtiments désaffectés font de la ville un des berceaux du street art, avec des quartiers comme Friedrichshain ou Kreuzberg où l’art de rue est prolifique. Si le Tacheles, mythique squat de Berlin Mitte, est désormais fermé, un tour dans les arrière-rues bigarrées du Hackescher Markt révèle encore de nombreux trésors cachés. Les oeuvres incontournables à pister à travers la ville : les bâtiments en trompe-l’oeil signés EVOL, les lettrages vibrants de Dmark, ou encore MTO et son Jack Nicholson plus vrai que nature.
Cologne : fresques d’El Bocho et festival CityLeaks
Cette ville de l’ouest de l’Allemagne n’est pas seulement connue pour ses pittoresques maisons colorées : aux antipodes de l’Allemagne “tradi”, Cologne possède une vive culture de l’art de rue, comptant de nombreuses fresques murales disséminées tout autour de la ville. Direction le quartier d’Ehrenfeld et ses multiples “halls” où se rassemblent street artists des anciennes et nouvelles générations. Fresques murales, pochoirs, mais aussi carrelages, affichage sauvage et détournement de mobilier urbain peuvent être admirés à loisir, voire discutés avec les nombreux artistes présents. Toujours dans Ehrenfeld, au détour de l’Heliostrasse, vous tomberez peut-être sur une oeuvre du graffeur El Bocho, mythique nom de la scène street berlinoise venu poser ses personnages dans les rues de Cologne. Pour en voir plus, le festival CityLeaks, lancé à Cologne en 2011, propose, en plus de ses expositions et conférences sur le street art, des visites guidées des quartiers les plus marqués par l’art urbain, des fresques de Tika dans le Belgische Viertel aux collages sauvages d’Innenstadt.
le street art militant à Hambourg
En septembre 2014 disparaissait Oz, l’une des figures prééminentes du street art à Hambourg : graffeur prolifique – on compte plus de 120 000 tags de sa signature –, l’artiste de 64 ans est retrouvé sur les rails du métro hambourgeois, victime d’un accident en plein acte artistique. En plus de ses oeuvres caractéristiques, ornées de smileys et spirales, les murs d’Hambourg sont le terrain de jeu privilégié de la plupart des street artists du pays : en témoigne le Rote Flora, ancien théâtre désaffecté entièrement recouvert d’oeuvres murales et de graffitis, squatté par de nombreux artistes depuis les années 1990. A l’intérieur s’organisent concerts, marchés, fêtes de quartier mais aussi événements politiques, faisant du bâtiment redécoré le point central de la vie militante et artistique de la ville. La fusion rêvée entre projet artistique et entreprise citoyenne de réappropriation des espaces urbains, démarche au coeur du street art.