“ça manque de cochons, alors que moi je trouve ça très gratifiant à l’image, le cochon”
Michel Houellebecq
gratifiant à l’image, le cochon.” Karine Le Marchand, qui connaît son sujet : “On a eu deux éleveurs de cochons l’année dernière, mais c’est compliqué le cochon, il y a pas beaucoup de travail à faire sur le cochon en image, les mamans nourrissent leurs bébés, les porcelets partent vite à l’abattoir, sinon ils sont engraissés. Alors que les vaches, il faut les traire, ça demande un soin particulier.” Houellebecq est dans les cordes.
Commence un débat sur la sociologie des candidats, comme quoi ce monde de l’agriculture est plus sinistré que les autres sur le plan sentimental. Karine Le Marchand prend la main : “Quand un enfant est formaté depuis sa naissance avec l’idée qu’il doit reprendre l’exploitation familiale, même s’il ne veut pas faire ça, que, finalement, il accepte la charge avec les difficultés économiques qui vont avec et qu’en plus le prix à payer, en vivant avec ses parents et même ses grands-parents, c’est d’être célibataire, vous imaginez la situation ?”
Houellebecq et Dorothée Cohen boivent les paroles de Karine Le Marchand (et un peu de café, pour Houellebecq, pour absorber le vin blanc). L’animatrice poursuit, passionnée par son sujet. “Quand le père est mort, et que la femme ne peut pas s’en sortir seule, le fils n’a pas d’autre choix que de reprendre l’exploitation. Du coup, il forme une sorte de couple avec la mère. On a beaucoup d’agriculteurs qui attendent la mort de leur mère, par exemple, pour s’inscrire à l’émission. Ou sinon, quand le petit annonce à sa mère qu’il va faire l’émission, elle meurt dans les mois qui suivent, c’est déjà arrivé.”
Michel Houellebecq évoque des mariages possibles avec des filles venues d’Ukraine ou de Madagascar, et pose une question entre les lignes de fuite : certains agriculteurs sont-ils vierges quand ils arrivent dans l’émission ? “Oui, ils ne le formulent pas comme ça, mais ils nous le font comprendre. On essaie de traiter ce genre de situation avec le maximum d’élégance.”
Durant cette interview, c’est aussi le portrait d’une France agricole souvent méconnue que dresse Karine Le Marchand, avec une grande bienveillance. “La France est un pays avec plein d’agricultures différentes, avec des problématiques différentes, des souffrances différentes, des joies aussi, c’est assez passionnant, j’ai appris plein de trucs, ça me passionne. Et la France est aussi l’un des pays en Europe où on a le plus de grands-parents qui ont été agriculteurs. Donc on a tous plus ou moins des souvenirs à la campagne, on a un rapport particulier à la ruralité, c’est plus industrialisé en Allemagne, par exemple.” Michel Houellebecq : “Moi j’ai l’impression qu’une émission comme la vôtre, c’est pour repréparer tout doucement la France à un futur agricole.” Karine Le Marchand ne croit pas trop à cette théorie.