“je me souviens”
A la demande de Michel Houellebecq, Guillaume Nicloux, qui l’a dirigé dans dresse une liste très personnelle accompagnée de huit films d’un bonus –
Houellebecq, “anthologiques” “Maintenant, place aux jeunes”. videmment, chaque jour réclamerait une liste. Une liste du matin, une liste du soir. Une liste des jours perdus et une liste des jours heureux. Et la tenir continuellement à jour, jour après jour. Il faut donc décider de s’affranchir de toute objectivité filmique, de toute objectivité tout court, pour ne livrer qu’un choix partial de l’instant. Une liste de la fulgurance, “ici et maintenant”, qui n’obéit qu’au largage spontané. Si l’on veut se sentir bien avec son quant-à-soi.
En voici donc une. Forcément injuste et ignorante de la bienséance cinéphilique qui pèse le pour et le contre. Sans atermoiement ni justification, loin de la réflexion ajustée et de l’objet précieux sorti du placard de l’oubli. Juste un lâcher de titres sans états d’âme ni logique. Non Michel, avec ce parti pris, il n’y aura rien pour nous sauver de notre aveuglement. Sauf notre bonne foi dans l’art du cinématographe. Tu aurais peut-être aimé que je parle de Fiston et de Louis de Funès, mais ce sera pour une autre fois, dans une autre liste.
Je la relis, cette liste, et je commence à avoir envie de bouger des choses, je remplacerais bien celui-ci par celui-là. Tout détraquer en voulant tout arranger. C’est évidemment ce qu’il faut éviter, ne pas penser ni infléchir, rester droit dans ses bottes dépareillées. Parce que le souvenir du cinématographe, j’en suis convaincu, ne se réfléchit pas, sauf sur l’écran. Il est organique et se vit au-dessous de la ceinture. Alors je ne touche plus à rien, je pose le crayon. Et je me souviens. Je vois défiler les images, j’entends les sons, et je mélange tout. Je deviens millefeuille de mille pellicules. Guillaume Nicloux
EL’Enlèvement de Michel