Les Inrockuptibles

“Pamela Anderson est une icône de ma génération. J’aime beaucoup ces filles qui partent du statut de bimbo et se déplacent vers la politique”

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Sur la route de Saint-Martin-Vésubie, dans l’arrière-pays niçois : “Là ! Regardez ! Les paysages sont vraiment sublimes…” Julien Doré tient le volant et tapote dessus à l’écoute d’un morceau du rappeur Anderson .Paak. Il est venu nous récupérer à l’aéroport de Nice et nous conduit au chalet où est né son quatrième album, & (dites “esperluett­e”). Saint-Martin-Vésubie, c’est là que le tout jeune Doré a passé ses vacances. Il n’y était pas revenu depuis des lustres, jusqu’au jour où, secoué par le terrible mois de novembre 2015, il décida de prendre ses instrument­s et ses musiciens pour se lover dans le vert de son enfance, et d’y écrire de la musique, rien que de la musique. L’endroit est à la fois simple et magnifique. Les montagnes défilent sous nos yeux, pimpées par le soleil.

On arrive au village, Julien Doré gare la caisse, nous emmène à la Bonne Auberge et nous présente Louis qui, avec son frère Jacques, tient le lieu. C’est ici que la team Doré venait se réfugier entre deux chansons. Membre du Bachas Band (“bachas” veut dire bordel en patois niçois), Louis a prêté la guitare qui a servi sur l’album. C’est aussi chez lui que Juju Doré a rangé la minimoto que l’on peut voir dans le clip du Lac (même si vous vous souvenez surtout de Pamela Anderson). On pourrait passer notre vie à Saint-Martin-Vésubie, guidés par l’enfant du pays (ne manquez d’ailleurs pas le doc que Julien Doré a réalisé sur l’enregistre­ment d’& avec son pote Brice VDH, en bonus du disque). Entretien.

Ton précédent album, porté par le tube

est à ce jour ton plus grand succès. Comment as-tu vécu les trois années qui ont suivi ?

Julien Doré – C’était tout à fait imprévu. Le précédent, Bichon (2011), n’avait pas eu beaucoup d’échos. Sur Løve (2013), on est allés de surprise en surprise. Quand on a composé Paris-Seychelles avec Darko, chez moi sur mon Casiotone, on n’avait vraiment pas le sentiment de faire un tube. La tournée était prévue dans des théâtres plutôt que dans de grosses salles et, dans le même temps, le disque touchait de plus en plus de gens. Du coup, on ajoutait des dates. On en a fait cent soixante en tout. La vie de l’album a été si longue que j’ai été nommé deux années consécutiv­es aux Victoires de la musique, où j’ai obtenu un trophée la deuxième fois (en 2015, il est l’artiste

Paris-Seychelles, Løve,

de l’année – ndlr). Franchemen­t, on n’y croyait pas du tout… Quand le lendemain, à mon concert, je suis apparu la Victoire à la main, une vague d’émotion très forte s’est dégagée dans la salle : ça a été le climax de cette tournée. Dans ce partage avec le public, il y a quelque chose de très grand. Je n’ai pas l’impression qu’ils viennent m’écouter. Plutôt me ressentir. Je vois bien sur les réseaux sociaux qu’il y a à la fois des chansons qui enveloppen­t des moments assez joyeux dans la vie des gens, et d’autres dont les textes trouvent des échos chez eux, les marquent.

L’album a structuré une équipe, avec laquelle tu continues de travailler…

Tous ces garçons sont présents dans ma vie depuis longtemps. Certains ont fait mes premières parties. Arman Méliès : je travaille avec lui depuis mon premier album. Baptiste et Clément, du groupe Omoh, ont été à la base du son de l’album. Løve a scellé ma famille artistique. Le succès ne t’a à aucun moment paniqué ? Je pensais impossible de craquer nerveuseme­nt. Je me sentais plus fort que ça. Et sur la tournée, vers la fin, la fatigue a pris le dessus, je ne pouvais plus parler de ce que je faisais, je ne pouvais plus monter sur scène – ce qui ne m’était jamais arrivé. On a dû annuler des dates. Je ne pouvais même plus me lever et je voulais saccager tout ce que je faisais. C’était assez dur pour mes potes autour. Ils t’ont aidé ? Oui. De toute façon, je me vois différemme­nt d’un artiste dont le nom et le prénom sont mis en avant. Quand je les regarde sur scène, ils me portent. Mais déjà, quand je chantais à la Nouvelle Star, j’avais le sentiment de trahir le fait d’avoir appartenu à un groupe, d’avoir chanté dans les bars.

As-tu toujours ce sentiment d’avoir fait un hold-up de la ? D’avoir détourné une émission de télé à des fins artistique­s personnell­es ?

Un hold-up ? Non. Ou alors très consentant. La production m’a laissé changer des textes, imposer mes arrangemen­ts, j’y ai pris un très grand plaisir. Matthieu Grelier, qui était le producteur de l’émission, est toujours un des premiers à écouter mes nouvelles chansons.

Pourquoi as-tu enregistré ce nouvel album sur un lieu de ton enfance ?

Je n’étais pas revenu dans ce chalet, appartenan­t à ma grand-mère, depuis l’adolescenc­e. Depuis la mort de mon chien exactement. Je vais vous dire un truc

Nouvelle Star

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