Welcome to Atlanta
Par un ancien de une comédie aussi réaliste que rêveuse tisse sa toile dans une ville symbole du rap américain.
LCommunity, ongtemps, les séries se sont divisées en deux mondes distincts, avec d’un côté les drames adultes de plus de quarante minutes et de l’autre les comédies en format sitcom ou approchant. La césure était franche. Elle ne l’est plus. En 2016, les tentatives les plus intéressantes appartiennent au format du vingt-six minutes qui penche de tous côtés, drôles une seconde, profondément angoissantes l’instant d’après. L’une de nos préférées, l’anglaise Fleabag, remplit ce contrat à merveille, comme High Maintenance, pour ne citer qu’une autre production récente. A peine le temps de se remettre de nos émotions qu’arrive déjà Atlanta. Due notamment à Donald Glover (scénariste et comédien, vu dans l’excellente Community), cette nouveauté raconte la vie de deux cousins rappeurs dans la ville d’Arrested Development, Janelle Monáe et OutKast. Les coulisses du hip-hop n’en sont pas vraiment le sujet, même si les deux garçons travaillent ensemble, l’un sortant des disques, l’autre en faisant la promo.
Atlanta scrute surtout la lisière entre la responsabilité et une forme d’éternelle adolescence, plongeant dans le quotidien de ses personnages avec une souplesse incroyable, capable de s’arrêter longuement sur un détail avant de filer ailleurs, en installant une atmosphère d’intimité immédiate. En plus d’un style et d’un ton qui croisent réalisme, humour à froid et rêveries, Atlanta raconte frontalement l’expérience noire dans l’Amérique d’aujourd’hui, le racisme, la violence, l’amour d’une communauté. Déjà un indispensable de l’automne. Olivier Joyard
Atlanta sur FX