Acoustic Recordings 1998-2016
Jack White Jack White établit son inventaire perso, dévoilant des versions acoustiques d’un répertoire qui méritait un tel dénuement.
Quand, en 2012, Jack White annonce qu’il va sortir son premier album solo, on croit benoîtement qu’il va faire un album tout seul. On rêve de l’entendre en acoustique, côté folk-singer, dans le rockingchair plutôt que le rock’n’roll, façonnant sur ses guitares antiques des chansons en hommage à ses vieux maîtres du countryblues. Il a les (White) tripes pour ça. Finalement, les albums solo de Jack White ( Blunderbuss et Lazaretto) seront des albums sous son nom seulement, mais avec des musiciens, du rock et de l’électricité.
Pour entendre du Jack White en acoustique, c’était plutôt le gimmick mélodique de Seven Nation Army chanté dans les stades et les cours de récré. Et le voici enfin, l’album acoustique de Jack White. Pas un vrai nouvel album des vraies nouvelles chansons, mais une roborative rétrospective de vingt-six chansons (certaines un peu rares ou dans des versions alternatives) qui ont en commun d’être composées par Jack White (pour les White Stripes, les Raconteurs, des pubs ou lui-même), jouées à la guitare acoustique (avec parfois de la XL/Beggars/Columbia batterie et des petits arrangements baroques de clavier ou de violon…) et garanties sans solos.
Première surprise : grand fan de blues, Jack White n’en joue pas vraiment. Les chansons sont dans une veine plutôt folk, qui évoque parfois la délicatesse de Mississippi John Hurt, la noirceur de Townes Van Zandt ou les mélodies soignées des Kinks. Deuxième surprise : un vrai titre inédit des White Stripes, City Lights, qui n’avait pas trouvé sa place sur l’album Get Behind Me Satan en 2005 et la trouve ici.
Il n’y a pas de troisième surprise. Plutôt la joie des retrouvailles avec des vieilles chansons chéries ( Hotel Yorba, We’re Going to Be Friends, Well It’s True That We Love One Another, une des plus choutes des White Stripes) et avec la batterie de Meg. Sur ce disque à s’infuser doucement, on n’entendra ni l’énergie enragée des White Stripes, ni la nostalgie potache des Raconteurs, mais des chansons mélancoliques et inquiètes jusque dans la joie, où partout bat le coeur bleu de Jack White. Le légendaire et pontifiant Greil Marcus a écrit les notes de pochette d’Acoustic Recordings 1998-2016. Mais personne n’est obligé de les lire. Stéphane Deschamps