Les Inrockuptibles

“je crois qu’il est difficile d’être heureux dans ce métier. On dépend tellement des gens, nous sommes tellement jugés”

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un mec, d’acquérir une force quasiment égale à celle d’un homme – même si c’est évidemment impossible. J’adorais voir mon corps se transforme­r. Et, évidemment, travailler ainsi sur son corps aide à se glisser dans un personnage. J’aimais travailler avec des mecs qui se battent avec des épées, comme dans les films de Zhang Yimou !

Vous allez tourner dans le prochain film de Roman Polanski, dans une adaptation du roman de Delphine de Vigan, Est-ce votre rôle dans qui lui a donné envie de travailler avec vous ?

Non, il m’a parlé de Sin City : j’ai tué pour elle de Frank Miller et Robert Rodriguez. Je lui ai dit “Sin Ci ty ?!”. Il me l’a confirmé. Je ne sais pas s’il m’a vue dans Penny Dreadful. Nous allons tourner bientôt, et c’est un personnage assez compliqué parce qu’il a de nombreuses facettes, pas faciles à articuler entre elles. Est-ce que votre mère

vous a donné des conseils d’actrice ?

Ma mère est quelqu’un d’inquiet, ce qui est normal pour une mère. Quand je lui ai dit en 2002 que j’allais tourner dans le Bertolucci, Innocents (The Dreamers), elle a eu peur : la nudité, le fantôme de Maria Schneider dans Le Dernier Tango à Paris, ça l’inquiétait beaucoup. Elle avait peur que ça me détruise. Moi, j’admirais beaucoup Bertolucci, j’avais un poster du Dernier Tango dans ma chambre… Cela relevait de l’évidence pour moi. Pourtant, j’étais très timide. Mais le tournage s’est très bien passé, sans voyeurisme. Ma mère connaît ce métier, sait combien il peut être cruel. Et je suis anxieuse moi-même.

Qu’est-ce que vous avez appris, en seize ans de métier ?

Seize ans ? Non ! Ah si. J’oublie toujours l’âge que j’ai. Les boules ! Je ne sais pas ce que j’ai appris. Mais j’ai l’impression d’être de plus en plus vulnérable au fil des années. Je pourrais vous dire que je me suis construit une armure, mais non.

D’après une histoire vraie. Penny Dreadful (Marlène Jobert – ndlr)

Je crois qu’il est difficile d’être heureux dans ce métier. On dépend tellement des gens, nous sommes tellement jugés. Et en même temps, il faut rester ouvert au monde, malgré toutes les conneries qu’on entend. Quelles “conneries” ? La pression : “Tu dois faire ça, tu vieillis, tu n’es pas ‘hot’.” Ça me soûle, en fait, j’atteins un état de saturation. Ce que j’ai appris ? Qu’il n’y a pas que ce métier dans la vie, et qu’il faut que je la vive, et là, c’est mon ange gardien qui me le dit.

Votre mère a arrêté sa carrière de comédienne assez tôt. C’est quelque chose qui pourrait vous arriver également ?

Pas tout de suite. Mais je rêve de montagne… D’avoir une ferme…

Pour rêver de montagne, vous devez en avoir vraiment marre…

(Rires) Ne plus voir aucun être humain ! Non, non, je plaisante. Je ne sais pas, je suis en période de transition.

Vous venez de tourner un film en Europe – de Lisa Langseth, avec Alicia Vikander, qui a également produit le film –, vous allez tourner le prochain film de Polanski… Est-ce qu’il y a un désir de votre part de revenir en Europe, ou est-ce seulement le hasard des projets qui vous ramène de ce côté-ci de l’Atlantique ?

C’est le hasard. Ce sont les projets qui me motivent, l’envie de me jeter à fond dedans. Ensuite, je n’ai plus tourné en français depuis une dizaine d’années, et j’espère que parler ma langue va me donner une liberté technique que je n’ai pas toujours en anglais, où je dois veiller à jouer avec les bonnes intonation­s. Je n’aurai pas besoin d’aide, d’un coach de langue. Cela me soulage. Est-ce que vous votez en France ? Non. Vous êtes éliminée ! (Rires)

Euphoria

Miss Peregrine et les enfants particulie­rs de Tim Burton, en salle le 5 octobre

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