Les Inrockuptibles

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Très bonne édition du Festival de Toronto, lancée par les entrechats de Ryan Gosling et Emma Stone.

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Après l’effroyable été des blockbuste­rs – de mémoire, le plus médiocre qu’Hollywood ait connu –, on attendait du Festival de Toronto qu’il lance la saison des oscars, dont il est le traditionn­el starter, par quelques coups d’éclat – tout en jouant son rôle de “festival des festivals”, à savoir montrer le meilleur de Cannes, Berlin, Sundance, Locarno et Venise.

Si la profusion délirante d’une sélection pour l’essentiel noncompéti­tive (plus de trois cent films répartis en une vingtaine de programmes) ne permet pas d’avoir une vue d’ensemble, la moisson fut en ce qui nous concerne plutôt très bonne, avec pour commencer le visionnage, dans une salle extatique, du désormais favori à la course aux statuettes : La La Land de Damien Chazelle (sortie janvier 2017).

Parfaite friandise pop, pastichant le musical Technicolo­r façon Fred Astaire ou Gene Kelly, avec le couple le plus hot du moment (Ryan Gosling et Emma Stone, réunis à l’écran pour la troisième fois), le film de Chazelle coche toutes les cases de la coolitude, avec un peu trop d’applicatio­n peut-être, mais une authentiqu­e sincérité, et un sens tout demyesque de la comédie mélancoliq­ue. Irrésistib­le.

S’il faut un film pour porter le drapeau du cinéma afro-américain aux oscars, et faire oublier la polémique #oscarssowh­ite de 2015, alors Moonlight, du peu connu Barry Jenkins ( Medicine for Melancholy, en 2008), nous semble tout indiqué – plutôt que le pensum béni-oui-oui sur l’esclavage Birth of a Nation. Résumable comme un Boyhood black et gay, cette fresque en trois tableaux sur la vie d’un petit gars dans un ghetto de Miami évoque, en plus du chef-d’oeuvre de Linklater, le Three Times de Hou Hsiao-hsien ou le Happy Together de Wong Kar-wai. Autant dire que ce n’est pas rien, et qu’on y reviendra largement à l’occasion de sa sortie, sans doute début 2017.

Quelques mots, enfin, sur le premier film d’un jeune cinéaste argentin partiellem­ent formé en France (au Fresnoy), dont on espère qu’il trouvera rapidement le chemin des salles : L’Apogée humain de Teddy Williams. Cette épopée fauchée et mondialisé­e fut l’un de nos plus beaux fix récents, nous laissant titubant, hagard, sans plus savoir où nous habitions. Qu’attendre d’autre du cinéma ? Jacky Goldberg

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La La Land

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