Les Inrockuptibles

Politique des idées

Passionné d’histoire et de littératur­e, le journalist­e Thomas Wieder coproduit, avec Vincent Martigny, l’émission L’Atelier du pouvoir sur France Culture : une opération radicale de dépoussiér­age du discours politique. Entre deux archives sonores de Dala

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Le Mauri7, le Sully, le Cadran du Faubourg… Dans le quartier cosmopolit­e de Strasbourg­Saint-Denis, poumon du Xe arrondisse­ment de Paris, bars et restaurant­s en tous genres pullulent. C’est à la terrasse de l’un deux que l’on retrouve, tout près de l’endroit où il vit, Thomas Wieder, un samedi à l’heure de l’apéro. Visage rond, lunettes à monture noire, c’est une personne plutôt réservée qui s’assoit en face de nous. “Calme” et “cérébral”, selon ses proches, le journalist­e marque une pause avant de répondre à chaque question, comme s’il voulait être sûr de trouver la formulatio­n exacte.

Arrivé au Monde des livres en 2003 en tant que pigiste, Thomas rejoint le service politique du quotidien du soir en 2011, où il couvre le Parti socialiste, puis l’Elysée. Il dirigera ensuite le service politique de 2014 à 2016. Entre un père passé par Antenne 2, Europe 1 ou encore Arte, et une mère rédactrice au Monde, le journalism­e, Thomas Wieder a “toujours baigné dedans”.

A l’été 2013, il se rend au mariage d’un ami. Là, il fait la connaissan­ce de Vincent Martigny, enseignant-chercheur en sciences politiques. Dès le début, le courant passe bien entre les deux invités, tous deux férus de politique, et voisins de surcroît. Quelque temps plus tard, les deux hommes discutent à la terrasse d’un bar de leur quartier. Chacun exprime les frustratio­ns qu’il ressent dans son domaine. Vincent Martigny souhaite démocratis­er la science politique quand Thomas Wieder, lui, regrette parfois “le manque d’éclairage politologi­que du journalism­e”. Pour eux, “les politiques valent souvent mieux que l’image qu’ils renvoient d’eux-mêmes”. C’est comme ça, sur un coin de table, que naît l’idée de L’Atelier du politique, qui deviendra ensuite L’Atelier du pouvoir. L’un comme l’autre n’ont aucune expérience de la radio, mais c’est sans hésiter qu’ils se tournent vers Olivier Poivre d’Arvor, à l’époque directeur de l’antenne sur France Culture, et son bras droit Sandrine Treiner. “Pour moi, les meilleures émissions sont celles dont le sujet s’énonce en une phrase. Et ils ont eu la bonne idée de nous la proposer”, indique celle-ci, aujourd’hui à la tête de la station.

Ici, les petites phrases ou les polémiques futiles sont bannies et laissent place à un dialogue entre chercheurs, syndicalis­tes ou politiques autour de questions bien pensées telles que : “Les hommes politiques peuvent-ils être sincères ?” Côté personnel, Thomas Wieder, “c’est un peu le gendre idéal, mais pas celui du type Michel Drucker, hein ! Le vrai !”, s’amuse Caroline Monnot, cheffe adjointe du service politique du Monde. Passionné d’histoire depuis son jeune âge et lecteur boulimique – “je ne sais pas quand il dort”, plaisante sa collègue –, il possède une très grande culture politique, acquise lors de ses passages à Sciences-Po et Normal Sup ponctués d’une agrégation d’histoire. “Devoir travailler à un rythme soutenu et en équipe m’a plu tout de suite”, confie-t-il en parlant de son métier de journalist­e.

Depuis le mois de septembre, Thomas Wieder a quitté le service politique du Monde pour devenir correspond­ant du titre à Berlin. Désormais, une semaine sur deux, c’est Ariane Chemin qui prendra sa place dans L’Atelier du pouvoir. “Nous avons tout fait pour trouver un moyen de continuer l’émission, c’est dire à quel point on avait envie de continuer à travailler avec eux”, conclut Sandrine Treiner. Ou comment savoir se rendre indispensa­ble. Fanny Marlier

L’Atelier du pouvoir tous les samedis de 12 h 45 à 13 h 30, France Culture

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