I-Télé en pleine crise de conscience
L’arrivée prochaine de Jean-Marc Morandini au sein de la chaîne d’info en continu, alors qu’il a été mis en examen en septembre, suscite la colère de la rédaction de la future CNews.
C’est un terrible coup de massue. La rédaction est abattue. Nous avons tous la gerbe aujourd’hui.” La rédaction d’I-Télé s’enfonce dans une crise dont elle n’est pas sûre de se relever. En cause, l’annonce fracassante de la direction de la chaîne d’information, le vendredi 7 octobre : “Jean-Marc Morandini rejoindra, comme prévu, I-Télé à partir du mercredi 19 octobre.” Il animera une émission quotidienne, de 18 heures à 19 heures, sobrement intitulée Morandini Live, un magazine “consacré aux médias, avec interviews, débats et infos liés à l’actualité du secteur”. Contre toute attente, la chaîne du groupe de Vincent Bolloré a décidé d’assumer la mise à l’antenne de l’animateur, pourtant mis en examen fin septembre pour “corruption de mineurs” et “corruption de mineurs aggravée” par l’utilisation d’un moyen de communication électronique.
Des victimes présumées avaient décidé de saisir la justice à la suite des révélations des Inrocks des 13 et 20 juillet. Chez I-Télé – où l’arrivée de Morandini était prévue pour la rentrée sur une tranche d’actualité générale –, plusieurs exemplaires photocopiés des Inrocks circulent entre les mains des journalistes. Les débats sont houleux, la plupart sont consternés. “J’ai rarement eu la nausée en lisant un papier, mais le vôtre… J’ai eu du mal à le continuer jusqu’au bout”, nous lâche l’un d’entre eux. La Société des journalistes (SDJ) s’oppose alors à sa venue, fustigeant son “manque de crédibilité” sur l’information. “La notoriété apportée à ses activités de producteur de films à caractère érotique a entaché durablement son image de journaliste”, écrivait-elle.
A la suite de nos révélations, cinq des comédiens, majeurs, ont déposé plainte. Début août, le parquet de Paris a ouvert une enquête à l’encontre de l’animateur et de sa société de production pour “harcèlement sexuel et travail dissimulé”. A la fin du mois de juillet, une autre plainte, sans lien avec nos articles, a été déposée par un jeune homme mineur au moment des faits. Le parquet a alors ouvert une autre enquête, cette fois-ci pour “corruption de mineurs”, confiée à la Brigade de protection des mineurs (BPM)