7 ans, l’âge de raison ?
Riad a 7 ans et vit toujours en Syrie avec ses parents et son petit frère. Il commence à mieux comprendre les mensonges des adultes, leur hypocrisie – un bref passage dans la famille de sa mère en Bretagne lui démontre d’ailleurs l’universalité de la cruauté des adultes : là aussi on tue brutalement des chatons. Son père, toujours aussi rêveur et irréaliste, est tiraillé entre ses fantasmes de réussite, sa femme qui s’ennuie à mourir et veut rentrer en France et sa mère âgée qui aimerait le voir plus respectueux de la religion. Alors que Riad est confronté aux traditions – la circoncision, le ramadan –, il découvre aussi avec émerveillement la pop culture – les Lego, Goldorak, Conan le Barbare… – qui lui ouvre d’autres univers.
Poursuivant son minutieux travail de mémoire, Riad Sattouf est toujours drôle, toujours pertinent. Sa vision du passé est toujours terriblement sombre mais il fait preuve de plus d’empathie, notamment à l’égard de son père, que dans les précédents tomes. Peut-être parce que le petit Riad de 7 ans appréhende mieux les choses, ou peut-être parce que le Riad Sattouf d’aujourd’hui pose un regard plus bienveillant sur ses souvenirs ? Un troisième tome d’une terrible lucidité et d’une grande sensibilité. Anne-Claire Norot
L’Arabe du futur 3
(Allary Editions), 160 pages, 20,90 €