Ma vie de courgette de Claude Barras
Un orphelin se reconstruit affectivement dans un foyer pour enfants. Une animation sensible au service d’un beau récit d’apprentissage, drôle et profond.
Longtemps, les films d’animation se sont résumés aux niaiseries Disney, aux contes et légendes ( Blanche-Neige, Cendrillon, Pocahontas…) revus par le manichéisme américain le plus épais. Les tentatives européennes type Le Roi et l’Oiseau, plus intéressantes et originales mais bien plus pauvres en moyens, faisaient figures d’exception.
Heureusement, les temps ont changé, d’abord sur le front industriel hollywoodien avec l’émergence des formidables studios Pixar (et à un degré moindre de réussite, DreamWorks) qui ont fini par déniaiser Disney, ensuite avec les merveilles pour enfants et adultes issues du studio japonais Ghibli, et enfin avec une production française aussi variée que créative, de Michel Ocelot aux Lascars en passant par des as de la BD comme Joann Sfar ou Marjane Satrapi. Ma vie de courgette s’inscrit superbement dans ce mouvement d’un cinéma d’animation qui s’adresse autant aux petits qu’aux grands et qui traite de sujets importants avec inventivité et subtilité.
Le petit héros du film est le surnommé Courgette, gamin d’une dizaine d’années qui se retrouve orphelin, pris en charge par un commissaire débonnaire qui le place dans un foyer pour enfants. Là, il est initié à la vie sociale, en faisant connaissance avec ses copensionnaires. Parmi eux, la petite brute qui le bizute, le gros dont on se moque, la petite d’origine africaine, le gosse lunaire… et puis la fillette qui joue au foot, maîtrise l’art de la tchatche et ne s’en laisse pas compter. Courgette en tombe amoureux.
Le film est écrit par Céline Sciamma (adaptant un roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette) et ça se voit et s’entend. Les enfants représentent un échantillonnage de toutes les situations de potentielle exclusion : surpoids, couleur de peau, identité transgenre, timidité, difficulté à communiquer… Les adultes sont distribués selon toutes les nuances du bien et du mal, depuis le policier ouvert et tendre à la tante cynique et vénale en passant par la directrice du foyer qui n’est ni gentille ni méchante mais tente simplement de faire son travail dans l’efficacité et l’équité.