Les Inrockuptibles

Jack Reacher – Never Go back d’Edward Zwick

Le plus mauvais film de Cruise depuis treize ans.

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avec Tom Cruise, Cobie Smulders (Fr., 2016, 1 h 58)

Simple accident de parcours ou annonce d’un déclin durable pour Tom Cruise – déclin dont les signes pouvaient apparaître, rétrospect­ivement, depuis quatre ou cinq films, depuis précisémen­t que l’acteurprod­ucteur a décidé de ne plus tourner qu’avec des hommes liges –, ce Jack Reacher est en tout état de cause raté. Remontant la filmograph­ie de Tom Cruise pour y trouver pareille purge, on finit par tomber sur Le Dernier Samouraï qui, nul hasard, était signé en 2003 du même Edward Zwick. Cinéaste militarist­e à la main lourde (Couvre-feu, Les Insurgés), celui-ci s’est ici surpassé, réussissan­t à totalement dévitalise­r la star, tout en la rigidifian­t dans une pose caricatura­le qui n’a même plus les atours éventuelle­ment séduisants du second degré. C’était en effet la force du premier Jack Reacher (2012), réalisé par Christophe­r

McQuarrie, que d’exploiter avec humour et un certain brio visuel les topos du Cruise movie : le lion s’y mouvait avec une aisance déconcerta­nte, comme au cirque peut-être – c’està-dire déjà loin des chefsd’oeuvre expériment­aux fabriqués chez Kubrick, Spielberg ou Mann – mais toujours assez agile pour épater la galerie. Cette fois, la cage est ridiculeme­nt petite, et Cruise se voit contraint d’y faire quelques tours sur lui-même, avant de se coucher, impuissant. Ni l’intrigue, une enquête cousue de fil blanc qui tente d’inventer un passé au personnage principal (contre-sens total), ni sa partenaire Cobie Smulders, censée contrebala­ncer la raideur chucknorri­ssienne de l’ex-major (échec), ne parviennen­t à relever le niveau. Never Go back, annonce le sous-titre. Never Go aurait suffi. Jacky Goldberg

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