Les Inrockuptibles

le son monte à Soweto

Entre rock furieux, gospel halluciné et rythmes zoulous, les Sud-Africains de BCUC pratiquent l’insurrecti­on au quotidien. Rencontre chez eux, au coeur du township, avant une série de concerts en France.

- par Stéphane Deschamps photo Rudi Geyser pour Les Inrockupti­bles

Un jour, peut-être que les bus de touristes s’arrêteront devant Food Zone comme on va à Graceland en hommage à Elvis. Mais pour l’instant, les bus ne font que passer sur la grande artère qui traverse Soweto comme la colonne vertébrale d’un géant polymorphe. Les touristes roulent un peu plus loin vers la très animée rue Vilazaki, sorte de Montmartre de Soweto, où des visiteurs viennent du monde entier pour découvrir la petite maison que Nelson Mandela habitait dans les années 1950 (pas plus petite que celle d’Elvis à Tupelo, la maison).

Posé entre la route et un lotissemen­t, bien caché derrière une minibrouss­e de hautes herbes, Food Zone est le quartier général de BCUC, le berceau et le coeur du cyclone. Ce groupe, on l’a découvert en France à la fin de l’année dernière. D’abord, un petit label français, Nyami Nyami, sort Our Truth, son improbable premier album. Seulement trois morceaux sur le disque, dont les deux principaux, Yinde et Asazani, durent vingt et dix-sept minutes. Pourtant, à l’écoute de ces deux chansons, on n’a pas le temps de tout comprendre, on sent juste qu’un truc dingue est en train de se passer, un truc à décorner les buffles, un truc à changer le monde peut-être.

Hors format, cette musique est plus encore hors du commun. On y entend d’abord une basse agressive et toute raide, comme dans le post-punk. Puis un début d’averse de percussion­s qui très vite tourne au déluge, au raz-de-marée de rythmes. Et au moins deux voix, celle d’un homme enragé et celle d’une femme en extase. On ballote à la surface de ces morceaux-fleuves en crue, emportés par la force du courant, inutile de résister. On se noie puis on remonte, on replonge et on remonte, et à la fin on est sauvés. Et on remet le disque. Un rituel de possession, ou de libération, à moins que ça ne soit la même chose.

Soweto, future capitale de la planète BCUC sonne comme la rencontre entre les Last Poets, le gospel d’une église noire du sud des Etats-Unis et la savane africaine foulée pieds nus par d’anciennes tribus de guerriers zoulous. On y entend aussi l’énergie du meilleur rock insurgé (genre le MC5), alors qu’il n’y a ni guitares électrique­s ni batterie. C’est épique, tribal, primitif et expériment­al en même temps, d’une intensité inouïe, très ancien et comme neuf. De la musique de danse, de transe, mais entièremen­t acoustique. Tout est joué à la main (avec une basse, des petites percussion­s, des gros tambours, des sifflets et une corne imbomu, l’ancêtre de la vuvuzela) par les sept membres du groupe et fut enregistré en studio dans les conditions du live. Sans doute parce que c’est encore mieux sur scène, comme les Français ont pu le découvrir en décembre dernier aux Trans Musicales de Rennes, puis à la Dynamo de Pantin pendant le festival Africolor. A Rennes, BCUC a aussi joué dans le métro et dans une prison. En banlieue parisienne, ils ont fait plusieurs concerts en journée à l’université de Bobigny. Groupe hors du commun, vraiment. En mission, infatigabl­e, pas là pour rigoler – même si tout le monde affiche un sourire béat à la fin d’un concert de BCUC. Certains ont juré avoir vu le meilleur groupe de scène du monde, d’autres ont proclamé Soweto future capitale de l’univers. Il fallait y aller, rencontrer BCUC sur son terrain.

un ancien container sur une dalle de ciment

Que sait-on de Soweto ? Le plus grand township d’Afrique du Sud, dans la banlieue de Johannesbu­rg. Ce nom qui sonne si africain est en vérité l’abréviatio­n de South West Township. Qu’est-ce qu’un township ? Un ghetto bidonville pour les Noirs, invention et héritage de l’infâme apartheid. Depuis la chute du régime raciste en 1994, on était restés ici sur quelques clichés amers et tenaces de jungle urbaine, de pauvreté extrême, de violence, de crimes et de films de science-fiction (comme District 9). Toutes choses qui ne collent pas vraiment avec la première impression qu’on a en se posant à Food Zone.

C’est un petit boui-boui avec terrasse qui sert de social-club et de local de répétition à BCUC. C’est là qu’ils chillent, rigolent, boivent des coups, refont le monde dans un mélange d’anglais, de langues africaines et d’argot. Le local est un ancien container en aluminium posé sur une dalle de ciment, aménagé en restaurant communauta­ire, avec quatre tables, des bancs et une sono qui balance du hip-hop et du jazz. Dans une grosse casserole mijotent des tripes en sauce, qu’on mangera accompagné­es de pap, un gruau de maïs qu’ailleurs, chez les cousins du sud des Etats-Unis, on appelle grits. On n’y sert pas d’alcool, mais le liquor store est à 300 mètres.

Luja, un des tambourine­urs de BCUC, s’occupe de l’endroit avec un autre gars. Le groupe s’est posé là il y a une paire d’années, après avoir écumé tous les lieux de répétition possibles – les parcs publics, les maisons et les garages des parents. Les membres de BCUC ont la trentaine, ils sont tous nés à Soweto et sont fiers et honorés d’accueillir un journalist­e français dans leur quartier. “Même les journalist­es sud-africains ne viennent pas à Soweto !”, dit Jovi, le chanteur du groupe. Ce dernier week-end de janvier, BCUC se repose à domicile, après une petite tournée en Israël et avant de revenir jouer en France.

des champs de lotissemen­ts et de maïs BCUC veut dire “Bantu Continua Uhuru Consciousn­ess”. Soit plus ou moins “Humain Lutte Liberté Conscience”. Musicaleme­nt, politiquem­ent, socialemen­t, localement et globalemen­t, ce groupe est engagé. Il suffit d’écouter le barbichu Jovi, moulin à paroles et très bon orateur, pour comprendre. Les autres acquiescen­t en choeur par des “Yeah, man !” enthousias­tes. Parfois, Kgomotso, la pétulante et adorable chanteuse, termine les phrases de Jovi. Ce groupe formé en 2003 est une équipe, une chorale, un crew en ébullition, tous pour un et un pour tous. Sa mission, pendant qu’on y est, est de nous montrer que Soweto est le meilleur endroit sur la planète. “Il y a des gens qui viennent de Somalie, du Malawi, du Mozambique, du Pakistan, d’Ethiopie, de Palestine, du Bangladesh, du Zimbabwe, de Chine… Le monde entier veut venir à Soweto, c’est le Paris ou l’Amsterdam de l’Afrique !”, s’emballe Jovi. Yeah, man !

Au sommet de la tour Oppenheime­r, située dans un parc où BCUC répétait un temps, on a une vue panoramiqu­e sur le township. A perte de vue, des champs de lotissemen­ts organisés en quartier, un horizon infini de minimaison­s avec une cour, qu’on appelait autrefois matchbox houses, “boîtes d’allumettes”, en raison de leur petite taille. On voit des écoles, des hôpitaux, des églises, des centres commerciau­x. Et, partout, des arbres, des parcs, des petits champs de maïs, du vert informel – c’est l’Afrique, pas le Bronx. Pas vraiment de centre, de quartier d’affaires avec des buildings.

un truc dingue est en train de se passer, un truc à décorner les buffles, un truc à changer le monde peut-être

BCUC veut dire “Bantu Continua Uhuru Consciousn­ess”. Soit plus ou moins “Humain Lutte Liberté Conscience”

Officielle­ment, plus d’un million d’habitants vivent à Soweto. Mais on entendra les chiffres de quatre ou neuf millions… La population est très majoritair­ement noire. Le chômage est important, mais en sillonnant ce labyrinthe, on découvre une multitude de petits commerces, de vendeurs de rue, d’artisans, de garagistes. Soweto est le township le plus riche, ou le moins pauvre, d’Afrique du Sud. Il y a encore quelques bidonville­s, mais Jovi prétend qu’on les a gardés pour montrer aux touristes comment c’était avant, “et personne ne dort dans la rue ici, tout le monde a un toit sur la tête”. Fût-il en tôle rouillée. Soweto évoque un étrange et plaisant mélange de banlieue résidentie­lle middle-class à l’américaine et d’Afrique – avec des chèvres dans les parcs, des carrioles tirées par des ânes et, partout, des taxis collectifs qui roulent et klaxonnent comme des dingues.

rêve américain et idées socialiste­s Quand Jovi arrive dans son quartier, son hood de White City, il siffle par la fenêtre de la voiture – un sifflement de reconnaiss­ance, réservé au quartier. Sa maison, où il vit avec dix membres de sa famille, est la plus belle de la rue, en briques, sur deux niveaux. La maison à étage est un signe de réussite à Soweto, ainsi qu’éventuelle­ment la voiture allemande garée devant. Les membres de BCUC ont réussi. Ils vivent tous de la musique, sont au début d’une carrière internatio­nale qui s’annonce énorme et auraient les moyens de quitter Soweto. Mais justement, c’est tout l’enjeu, ils resteront à Soweto. Kgomotso, la chanteuse : “Les gens qui ont un bon boulot partent, et les artistes sont les premiers à quitter la ville dès qu’ils ont un peu d’argent… Le préjugé, c’est que ceux qui restent sont ceux qui n’ont pas les moyens de partir. Nous, on restera pour inspirer les autres. Quand on a grandi, on connaissai­t nos voisins, et ceux qui réussissai­ent étaient un exemple pour les autres. On aimerait que les profs, les docteurs, les ingénieurs restent ici. Si on devenait très riches avec la musique, on améliorera­it la qualité de vie pour nos familles et on construira­it un centre culturel avec des salles de répète, des locaux pour accueillir les artistes.”

Plus concrèteme­nt, ils ont un projet de concert à Soweto, où les spectateur­s s’engageront à planter un arbre fruitier en échange de la gratuité du concert. D’autres pensent comme eux. Comme, les créateurs du concept-store Thesis, qui ressemble à toutes les boutiques à hipsters du monde entier. On y vend cher des fringues fabriquées à Soweto, des casquettes “I love Soweto”, des magazines de mode, et il y a des vélos à pignon fixe garés devant. Quand Thesis organisait des concerts il y a une dizaine d’années, BCUC fut le premier groupe à y jouer.

Les membres de BCUC sont nés avant la fin de l’apartheid, mais ils ont l’énergie de ceux nés après, qu’on appelle les “born free”, en regardant devant plutôt que tournés vers un passé terrible. Ils ont dans la tête l’idéologie du rêve américain et des idées politiques socialiste­s (sur la gratuité de l’éducation, la redistribu­tion des richesses, la solidarité). Mais sous leurs pieds, c’est l’Afrique. L’Afrique du Sud, jeune démocratie et étonnant pays, a onze langues officielle­s. A Soweto, tout le monde parle au moins cinq langues, trois langues africaines, l’argot local, plus l’anglais et l’afrikaans – alors que la plupart des Blancs ne parle que les deux dernières. Un neurolingu­iste pourrait sans doute vanter les vertus du multilingu­isme sur l’activité cérébrale et la vie en société.

église, esprits des morts et bio de Fela Exposés au mode de vie occidental dans le pays le plus riche d’Afrique (mais pas pour tout le monde), les membres de BCUC se présentent sur scène en jean, T-shirt et chaussures de marque, pas en peaux de bête. Pourtant, leur musique est profondéme­nt africaine, inspirée par les rythmes, les instrument­s et la culture traditionn­elle. “L’Afrique du Sud est un pays chrétien. Ici, on est chrétiens parce qu’on va à l’église – et tout

le monde va à l’église le dimanche. Mais, en réalité, on est Africains. C’est notre culture, on a des rituels pour plein de choses, on communique avec les ancêtres, on vit avec les morts. Et en même temps, on vit à l’occidental­e. Alors on garde tout ça secret, parce que c’est sujet à caution, ce n’est pas scientifiq­ue.”

La dimension spirituell­e, mystique, africaine, est évidente chez BCUC. Leurs sifflets servent dans les cérémonies à attirer les esprits et leur cor imbomu est un instrument spécifique, qui n’est normalemen­t utilisé que dans les églises shembe – ses adeptes refusent maintenant de vendre des instrument­s au groupe parce qu’il ne fréquente pas l’église. Les membres de BCUC ont grandi avec l’église (ça s’entend dans leurs chants de feu) mais ils n’y vont plus, et c’est la première génération à se permettre cette liberté. Jovi : “C’est la beauté de la démocratie, on peut choisir. L’église, on n’est ni pour ni contre, elle nous a éduqués. Quand elle est bien, elle apprend l’amour. Mais pour nous il n’y a pas le Bien et le Mal, Dieu et le diable, on croit à la responsabi­lité individuel­le. Et on ne s’amusait pas à l’église, on passait notre temps à attendre les chansons entre les sermons. Et je me souviens d’un prêtre qui prêchait uniquement en anglais, j’avais envie de me lever et de lui dire : ‘Tu te crois en Amérique ?’ Niveau spirituali­té, Jovi est servi : sa mère est une sangoma, une guérisseus­e, un médium qui communique avec les morts à la demande des vivants. “Ce n’est pas un secret, mais je ne le mets pas en avant. Parfois, on cache ce qui est le plus important.” A l’école, Jovi était un très bon élève, mais du genre à poser les questions qui fâchent (par exemple : pourquoi étudie-t-on l’histoire européenne plus que l’histoire africaine ?). Il a appris la vie avec les biographie­s de Gandhi, Mandela, Mao, Attila, dans les disques de James Brown, Fela, The Roots, le Buena Vista Social Club. Et dans les rues de Soweto.

la révolte par le live On s’arrête chez Mosebetsi, le bassiste, pour lui tirer le portrait. De là nous arrive la rumeur d’une fête. Ce sont les habitants des Merafe Hostels (les logements des travailleu­rs étrangers, qui ressemblen­t à des rangées de corons), des Zoulous principale­ment. Sur un terrain jalonné par deux buts de foot, un container posé sur un camion sert de scène. La musique est enregistré­e sur CD mais les danses sont pour de vrai, en costume traditionn­el. L’un des rythmes qu’on entend est exactement celui d’Asazani, le morceau de BCUC. “Oui, c’est le rythme zoulou. Quand on était petits, on venait tout le temps aux fêtes des Zoulous, il y avait des tambours, de la musique live. Maintenant ils passent des disques, c’est moins cher que de payer des musiciens”, explique Hloni, chanteur-percussion­niste. Jovi : “Quand on a commencé, on était juste un petit groupe de poètes et de chanteurs, c’était a cappella. Nos premiers instrument­s furent un djembé et une guitare. Et puis on a ajouté les gros tambours. La guitare a pris de l’importance, jusqu’à ce qu’on la remplace par une basse. Mais dès le début, on voulait changer la musique en Afrique du Sud. A l’époque, il n’y avait que de la house et des DJ, les producteur­s voulaient ça, la musique live était en

train de mourir, faute de public. Les gens de notre génération ne faisaient pas de musique, ils se contentaie­nt d’en écouter. On s’est révoltés contre ça, avec l’ambition de jouer une musique qui n’existe qu’ici, et de la présenter au monde entier. C’était nouveau à l’époque mais c’était en fait la simple reprise de ce que faisaient nos grands-parents : de la musique avec des instrument­s. Tout le monde nous disait que ça ne marcherait pas, qu’il n’y aurait pas de public. Les musiciens gagnaient mal leur vie, étaient considérés comme des losers. On nous disait qu’on allait finir comme eux. L’échec mène à l’alcool et à la drogue, c’est ce qu’on nous promettait. Ça nous a renforcés, on a voulu leur montrer qu’on ne finirait pas comme ça. En plus, on chantait des textes engagés. Tu as déjà vu quelqu’un gagner de l’argent avec de la musique engagée ? Nous, c’était notre but. On a vu que ça allait être difficile, les premiers temps on n’était pas payés, on perdait de l’argent. Entre temps, on était devenus amoureux de ce projet et on a voulu continuer, malgré tout.”

Le groupe est passé par diverses phases : d’abord a cappella, puis un peu reggae, avec une guitare, ils ont tourné en Hollande à la fin des années 2000. La formation actuelle (percussion­s, chants et basse) n’existe que depuis deux ans. Le guitariste était parti, le groupe avait des concerts à assurer, il a donc fait venir le bassiste, et la musique a pris un nouveau tournant. “Avant, on sonnait comme untel ou untel. Maintenant, on est un groupe sud-africain, avec le son de chez nous. On a trouvé le courage de jouer la musique qu’on voulait vraiment jouer, une musique traditionn­elle d’aujourd’hui, qui ne vient pas de la brousse mais de Soweto. Le hip-hop, le rock, la danse, on met tout ça dans nos humbles instrument­s. Notre musique, c’est la pop du futur. Je ne regarde plus d’où elle vient, mais où elle va”, proclame Jovi.

Le slogan du groupe est “Music by the people for the people with the people”. En écoutant sa musique et son discours, on pense aux débuts du hip-hop dans le Bronx, à ces insurrecti­ons musicales fomentées dans la rue, au coin d’un brasero, par des gars de quartiers pauvres. L’Afrique du Sud démocratiq­ue aujourd’hui, c’est peut-être un peu l’Amérique postségrég­ationniste des années 1970 : un mélange de libération et de libéralism­e, de crise économique, de revendicat­ions, de frustratio­ns et d’impatience, d’inégalités et de possibilit­és, de foi dans le futur.

réinvestir Soweto C’est déjà dimanche. On croise, partout dans les rues, femmes et enfants qui vont à la messe, vêtus de l’uniforme de l’Eglise apostoliqu­e africaine, style karatékas. “C’est la meilleure journée de la semaine, explique Hloni, les gens vont à l’église puis se reposent, vont au parc, font des barbecues.” Le futur de Soweto se trouve sans doute dans le quartier de Jabulani, où s’élève le Soweto Theatre, juste à côté d’un grand centre commercial. Le beau bâtiment d’architecte construit en 2010 surplombe l’ancien amphithéât­re où les gens se réunissaie­nt pour parler pendant les années de l’apartheid.

BCUC a beaucoup joué au Soweto Theatre, à l’intérieur et à l’extérieur, sur la terrasse où lézarde aujourd’hui une petite faune de jeunes branchés arty aux looks très étudiés. Il y a même quelques Blancs – les premiers qu’on voit à Soweto en trois jours. Des DJ font l’ambiance. Il y a un marché artisanal, peut-être même qu’on peut acheter des smoothies sans gluten.

L’un des jeunes, Simphiwe, très chic en habit post-traditionn­el, travaille pour le Soweto Art & Craft Fair, qui organise des événements culturels à Soweto. “On veut montrer la beauté de Soweto à travers sa créativité, la musique, les arts plastiques, la mode. Il y a beaucoup d’artistes et d’entreprene­urs à Soweto. Avant, il y avait un vrai manque de lieux pour eux. Les artistes travaillai­ent beaucoup chez eux. La méthode à Soweto, c’est de faire avec les moyens du bord pour arriver à tes fins. Les concerts de hip-hop, c’était souvent dans la cour d’une maison. Il manquait un endroit, les sessions s’essoufflai­ent, il n’y a même pas un studio d’enregistre­ment à Soweto. Les artistes partaient à Joburg. Maintenant, il y a ce lieu et quelques autres, ça donne des ailes à des artistes qui peuvent se produire ou être exposés dans un lieu identifié. On cherche à ce que les gens réinvestis­sent et reviennent vivre à Soweto. Pour montrer l’exemple, montrer que c’est possible. BCUC sont là depuis longtemps, on les a vus grandir et ils sont toujours aussi cool. BCUC, pour moi, incarnent l’esprit, l’esprit combatif de Soweto. L’apartheid est tombé grâce à des gens qui venaient, pour beaucoup, de Soweto. On se bat ici. C’est dans l’air, dans l’eau qu’on boit, on ne peut même pas y échapper. Nos parents ont obtenu la démocratie, ils soufflent un peu. Mais il y a encore beaucoup à faire pour la nouvelle génération. Un combat pour une vie meilleure. Soweto est déjà un lieu historique, mais c’est aussi un lieu pour l’histoire à venir.”

L’avenir pour Soweto, c’est aussi ce projet de nouveau quartier d’affaires autour du théâtre, où besognent déjà des engins de chantier. Pour attirer des investisse­urs, du business, des administra­tions, des emplois. Pour qu’un jour Soweto ne soit plus seulement un township vibrant d’énergies et de frustratio­ns, mais une ville moderne comme les autres. Avec peut-être des Blancs partout et des loyers qui flambent. Quand ce jour-là sera arrivé, on saura où trouver BCUC : bien caché derrière les hautes herbes de Food Zone.

album Our Truth (Nyami Nyami Records) concerts le 16 février à Annecy, le 17 à Genève, le 18 à Lyon, le 11 mai à Pantin, le 13 à Grenoble, le 18 à Chatenay-Malabry, le 19 à Blois, le 20 à Reims, le 21 à Bruxelles, le 24 à Châteaulin, le 26 à La Rochelle, le 27 à Coutances, le 3 juin à Tourcoing et dans les festivals d’été

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Kgomotso, la chanteuse, devant le quartier général du groupe A Soweto, les petites maisons résidentie­lles s’étendent à perte de vue
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