Les Inrockuptibles

Rock’n Roll de Guillaume Canet

avec lui-même, Marion Cotillard, Camille Rowe, Gilles Lellouche (Fr., 2017, 2 h 03)

- Jean-Baptiste Morain

Un exercice d’auto-ironie assez fastidieux mais qui, sur sa fin, s’offre une sortie de route fantaisist­e.

C’est dans la bandeannon­ce : on va voir ce qu’on va voir, Guillaume Canet va se moquer de lui-même et briser sa supposée image de gendre idéal (pourtant déjà mise à mal, avec davantage d’idées de cinéma, par Cédric Anger dans La prochaine fois je viserai le coeur). Marion Cotillard est dans le coup. Choix étrange. Canet a décidé que ce cassage d’image fictionnel ne pouvait passer qu’en se vautrant dans les stéréotype­s de la vulgarité. Alors Guillaume Canet le personnage, pendant une demi-heure, a mal à un testicule, pète au lit, puis se bourre la gueule, bourre une fille contre une porte pour prouver qu’il est “rock’n’roll”. A l’heure où dans des séries comme Platane ou Dix pour cent, des stars ont su jouer habilement de la mise en scène de leur image publique, Rock’n Roll paraît bien en retard et, comme dans Les Petits Mouchoirs, le rire semble obligé de se confondre avec un humour de beauf absolu.

Reste que dans son dernier mouvement, le film ménage une sortie de route assez surprenant­e. Le scénariste Canet fait perdre toute dignité et toute raison à l’acteur Canet. Il le transforme en créature défigurée par la chirurgie plastique, sans espoir ni désir de retour. Au final, le célèbre Guillaume Canet n’est plus qu’un ringard qui tourne dans une série américaine hypercheap à base d’alligators, mais Marion l’aime toujours, renonce même à son prestige de bête à oscars pour jouer dans son sillage la bimbo botoxée en minishort. Et là, dans ce fantasme d’épanouisse­ment dans la monstruosi­té heureuse, à rebours des codes usuels de la réussite, le film devient un tout petit peu émouvant.

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Guillaume Canet

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