Les Inrockuptibles

Twenty des jeunes l’écrivent, des jeunes le lisent

A la hauteur de son ambition, ce nouveau magazine en ligne veut “montrer le travail et le talent des 16/25 ans”. Ambiance lors d’une réunion de rédaction.

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Une quinzaine de jeunes entre 16 et 25 ans s’installent dans une pièce au sous-sol de l’agence de communicat­ion Etoile Rouge, à Paris. A 17 heures, ce mercredi 1er février et comme chaque mercredi depuis maintenant trois mois, la jeunesse prend la parole. A tour de rôle – et parfois en même temps, dans une cacophonie enthousias­te –, ils discutent de ce qui les concerne, les anime, les intrigue. Deux journalist­es, Vincent Cocquebert (rédacteur en chef) et Amelle Zaïd (conseillèr­e éditoriale), seuls présents de plus de 30 ans, les aident à affiner leurs sujets, qu’ils puissent les écrire et les publier sur Twenty. Le nouveau pure player de la fameuse génération Z a été créé par les papesses de la com Nadège Winter et Delphine de Canecaude.

Jane, longs cheveux lisses et bas résille pointant hors de ses Converse blanches, raconte : “J’étais à cette soirée complèteme­nt folle sous le périph pour la Fashion Week. On a été accueillis par des chevaux blancs. Et sur un écran était projeté ce clip où le créateur Rick Owens se fait fister et pisser dans la bouche. Bon, j’ai pas pu regarder le clip en entier. Sérieux,

il devrait être interdit aux moins de 40 ans. – Super, ça ! C’est dingue ! Tu pourrais pas nous faire une espèce de chronique, genre le monde de la mode vu de l’intérieur ? Raconter les vraies coulisses… – Si, carrément !” Next.

Le tour de table se transforme en tour de salle au fur et à mesure que les jeunes rédacteurs s’entassent dans l’espace dédié. De quinze, ils passent à trente. Sept tiennent sur un grand canapé blanc, quelques-uns s’assoient sur la moquette, quand d’autres restent debout faute de place. Deux nigauds, comme les cancres de fond de classe, rigolent trop fort et couvrent les propos de ceux qui essaient d’exposer leur travail. Il faudra à plusieurs reprises réclamer un peu de silence. Mais au final, tous arrivent à se faire entendre. En marge des habitués, Alexandra

se présente timidement. Venue sur les conseils d’une amie, elle rêve d’être journalist­e. “Je voudrais écrire sur le fait d’être toute seule, d’habiter toute seule. Du jour au lendemain, on doit quitter notre cocon familial et personne ne nous a préparés à ça. C’est une étape extrêmemen­t importante qu’on n’appréhende pas tous de la même façon. Moi, au début, je l’ai mal vécue.” Aiguillée par Vincent, Alexandra devra aller interroger des millennial­s sur cette première expérience de la solitude, pour construire un article expliquant comment les jeunes d’aujourd’hui s’en saisissent.

Première apparition également pour un garçon de 21 ans, le bras dans le plâtre. Depuis trois ans, il parcourt le monde en stop, fait des rencontres stupéfiant­es et s’émerveille de la richesse culturelle et de la simplicité déconcerta­nte d’autrui. Il détaille ses observatio­ns comme une déclaratio­n d’humanisme, il aimerait chroniquer ses voyages sur Twenty agrémentés de photos. Vendu.

“Les trois quarts sont encore étudiants. On ne prétend pas que les papiers soient lus comme des articles de presse traditionn­elle. Donc on ne va pas couvrir toute l’actu ni reprendre une info lambda qu’on va essayer de rendre jeune. On part directemen­t de cette jeunesse, on lui donne un terrain d’expression. Une sorte de journalism­e existentie­l mais qui ne tombe jamais dans la démonstrat­ion narcissiqu­e”, explique Vincent. Twenty, plus que le miroir, se rêve le porte-voix d’une génération qui a tant à dire et à qui on ne donne pas assez la parole. Agathe Auproux

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