billet dur
C’est la chienlit king size, là, les mecs ! On n’arrive plus à vous suivre, tant la dégringolade est plus vertigineuse encore que lorsque Fillon, déjà lui, menaçait de faire tout exploser après que Copé et ses copains magouilleurs l’eurent privé de la présidence du parti. Fillon, vous auriez dû prévoir le coup, ce type sent la défaite. C’est Séville 1982 ce pauvre garçon. C’est Domenech, ce mec, sourcils compris. C’est la France au concours de l’Eurovision depuis 1977. C’est La La Land aux oscars et Pascal Obispo aux Victoires de la musique. Comparé à sa conférence de presse de mercredi dernier, même l’enterrement de Brejnev était plus poilant, tellement vous étiez tous là, les coresponsables hauts gradés, à contempler impuissants l’irresponsable qui vous représente (jusqu’à quand ?) s’entêter jusqu’au bout du bout, quand vous souhaitiez tous qu’il cesse enfin de creuser vos tombes.
Ce happening, pourtant, aurait pu être l’occasion d’en finir avec le croque-mort. Fallait rappeler Bygmalion, organiser un vrai show, un truc dingue qui aurait relancé vos affaires et enterré les siennes. On était tous là, derrière nos écrans, à attendre un coup de théâtre, prêts à en prendre plein la vue. On imaginait François déguisé en Bob l’Eponge, acceptant de se jeter par-dessus bord pour éviter un scénario Titanic. On voyait déjà le clou du spectacle : sur une musique de péplum, d’une fumée blanche et libératrice serait apparu Alain Juppé en nouveau pape – il en a l’âge et le physique. Il aurait salué la foule en pleurs, et mixant toutes les légendes qui font mouiller vos adeptes il aurait eu ces mots simples : “Je vous ai compris !” “Bande de connards”, aurait-il ajouté à voix basse. Rachida Dati aurait aussitôt téléphoné au Canard pour rapporter ces propos pas très Charlie mais la fête aurait quand même été somptueuse.
François Baroin, un peu déçu mais très sport, aurait invité Nadine Morano à danser le rock sur Les Forbans, Gérard Larcher déguisé en Chippendales aurait récité des poèmes érotiques de Pompidou en faisant l’hélico avec sa bite, Bruno Retailleau et Valérie Boyer auraient été chassés à coups de cailloux, Ciotti aurait jappé sur la jambe du nouveau maître et toute cette caravane baroque aurait filé au Salon de l’agriculture pour introniser Jésus Juppé dans l’étable sacrée de la droite cul des vaches désertée le matin même par le pestiféré de la Sarthe. Seul Laurent Wauquiez, le Paco Rabane rabatjoie, qui avait annoncé l’apocalypse si Fillon retirait sa candidature, aurait tenu un point presse avec Patrick Buisson depuis le siège de Valeurs actuelles pour prédire le retour des chars soviétiques, l’Armageddon et une invasion de sauterelles géantes si la droite ne se ralliait pas à la seule capable de l’emporter : Marine Le Pen.
Au lieu de ce cirque, on aura eu droit à un pitoyable appel à la résistance, une manif pour tous les Républicains qui piétinent la justice de la République avec leurs mocassins à glands, une hémorragie sans précédent dans l’entourage d’un candidat, une grosse déprime de Ruth Elkrief et une indigestion de pop-corn.
Je vous embrasse pas, vous sentez trop la lose.