Affaires, attention !
Candidature préparée depuis son ministère, arrangement à l’amiable avec le fisc et financement problématique de sa campagne : celui qui se présente comme étant “hors système” aurait plusieurs fois mordu la ligne blanche.
Vous avez dit “affaires” ? Alors que François Fillon et Marine Le Pen s’embourbent dans leurs démêlés judiciaires, le leader d’En marche ! traînerait lui aussi quelques casseroles.
mélange des genres Emmanuel Macron aurait préparé sa campagne présidentielle en utilisant les “frais de bouche” de Bercy, lors de sa dernière année au ministère de l’Economie et des Finances. Durant les huit premiers mois de 2016, il a dépensé 120 000 euros en repas avec diverses personnalités… soit 80 % du budget annuel des frais de représentation alloués à son poste. Dispendieux, l’ex-banquier de Rothschild n’aurait pas pu tenir ce rythme jusqu’à la fin de l’année.
Mais ce qui pose surtout problème, c’est la fonction des personnes rencontrées lors de ces repas aux frais du contribuable. Pas grand-chose à voir avec son ministère, comme le détaille Marion L’Hour, coauteure avec Frédéric Says du livre-enquête Dans l’enfer de Bercy (JC Lattès), d’où sont extraites ces révélations : “On a des huissiers de Bercy qui disent qu’il y avait beaucoup d’allersretours le soir, parfois deux dîners d’affilée. Emmanuel Macron a reçu des gens qui étaient amis avec lui sur Facebook, des dirigeants religieux… Je ne sais pas si ça a un grand rapport avec l’économie !”
L’ex-locataire de Bercy aurait aussi accueilli, un samedi matin, le politologue Stéphane Rozès, visiteur du soir régulier de Hollande en 2011, pour discuter de “l’imaginaire politique des Français”. Rien d’illégal dans ces agissements, mais un mélange des genres qui étonne. Autre exemple, plus problématique : quatre de ses conseillers ont travaillé sur le discours prononcé le 12 juillet 2016 à la Mutualité. Or, c’était une intervention estampillée En marche !. Le principal intéressé assure qu’ils ont planché pendant leurs congés. Impossible à vérifier. Si Macron nie qu’il y ait eu combines et répète avoir été un “ministre engagé à temps plein”, son successeur à Bercy, Michel Sapin, admet dans le livre de Marion L’Hour et Frédéric Says que Macron avait “levé le pied” en 2016.
sous-évaluer pour éviter l’ISF
Une autre affaire a éclaboussé l’ex-ministre de l’Economie. En 2013 et 2014, il a sous-estimé la valeur de la maison de son épouse au Touquet, ce qui lui a permis d’éviter de payer l’ISF. Un petit arrangement avec les chiffres découvert lors des vérifications consécutives à son entrée au gouvernement. Macron a régularisé sa situation à l’amiable, évitant un redressement fiscal potentiellement explosif pour sa carrière politique.
quel financement pour son mouvement ?
Un dernier point, et pas des moindres, intrigue : le financement de sa campagne. Candidat sans parti, Macron ne peut bénéficier de subventions publiques. Alors, pour boucler son budget, il compte sur ses deniers et les dons privés. En marche ! a déjà récolté plus de 5 millions d’euros. De son passage à Bercy, Macron aurait conservé de précieux fichiers pour ses financements comme ceux de la French Tech, le club des entrepreneurs français du numérique. Zone grise, quand tu nous tiens… Le 12 février, le candidat a décidé de jouer la transparence en détaillant dans Le JDD l’intégralité de ses revenus et de son patrimoine. Pour éviter d’autres soupçons ? Elise Koutnouyan