Les Inrockuptibles

Lisbonne déménage

Avec le crew Príncipe Discos, Nidia Minaj réinvente la scène électroniq­ue portugaise en se tournant vers l’Afrique. Elle sera cette semaine au festival Banlieues bleues.

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une musique instinctiv­e, faite pour la danse, quelque part entre la techno et les traditions familiales

Batida ? Kuduro ? Ces mots résonnent peut-être dans le vide pour certains, mais quelques torgnoles s’annoncent pourtant. Le 10 mars au festival Banlieues bleues, parmi plein d’autres noms programmés sur tout le mois, Nidia Minaj et son pote Firmeza seront à Bagnolet pour représente­r Príncipe Discos, à la fois label, crew et nouveau son venus du Portugal. Avec des mecs comme Marfox et Nigga Fox, ils ont inventé une musique directemen­t inspirée de ce qui se fait et s’écoute en Angola, au Mozambique, au Cap-Vert, soit les anciennes colonies portugaise­s en Afrique, dont l’histoire migratoire a inventé une nouvelle génération de musiciens qui ne déconnent pas avec l’ambiance.

“Je ne sais pas. C’est dans ma tête. Ça vient quand ça vient. Parfois je ne suis pas chez moi et il faut que je rentre quand une idée vient, juste pour la concrétise­r. C’est bizarre.” Quand on discute avec Nidia Minaj, elle semble bien incapable d’expliquer le pourquoi du comment de sa musique. Une musique instinctiv­e, faite pour la danse, quelque part entre la techno et les traditions familiales, dont l’émergence, depuis quelques années, pourrait bien se prolonger à des niveaux n’ayant plus rien à voir avec l’épiphénomè­ne à Lisbonne. Nidia : “C’est l’histoire de beaucoup de musiques. C’est rare que ça cartonne du jour au lendemain. Prenons le rap. Avant que les Blancs s’y intéressen­t et que ce soit reconnu, avant que ça cesse d’être une niche musicale des quartiers pauvres, il s’est passé beaucoup de choses. C’est pareil pour la batida. Le point commun avec le rap, c’est que c’est né dans les ghettos.”

Nidia Minaj est née il y a vingt ans vers Vale de Amoreira, au Portugal. Le “ghetto” dont elle parle, c’est le quartier où elle a grandi. Un quartier où il n’y a pas grand-chose à faire, sauf quand on se découvre une passion. C’est le cas de Nidia avec la musique et son groupe Kaninas Squad qui, au début de la décennie, surfe sur le kuduro qu’a fait exploser Buraka Som Sistema au Portugal (et pas que, d’ailleurs). A l’époque, Nidia est toute jeune mais balance déjà du lourd.

D’origine cap-verdienne et guinéenne, elle travaille ses influences jusqu’à ce que le label Príncipe Discos, depuis les quartiers périphériq­ues de Lisbonne, la contacte pour le rejoindre dans le grand mouvement qui s’annonce. Nidia Minaj s’installe entre-temps à Bordeaux avec ses parents puis sortira deux albums, Estúdio da mana (2014) et Danger (2015). “La distance n’est pas un problème, dit-elle quand on la lance sur l’étiquette ‘Lisbon sound’ déjà scotchée à son travail. De toute façon, on se retrouve tous les mois pour jouer ensemble.” Notamment au Musicbox, club cool de Lisbonne accueillan­t les soirées Príncipe depuis un moment. Solution de proximité si vous êtes chauds pour tâter le dance-floor avec le crew : se rendre aux Malassis de Bagnolet à l’occasion du festival Banlieues bleues. Maxime de Abreu

concert le 10 mars à Bagnolet (festival Banlieues bleues)

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