un mauvais cas d’école

De passage dans l’émission Présidentielle : candidats au tableau le 19 mars, François Fillon a dû allier pitreries, dab et pédagogie. Un nouveau pas vers l’infantilisation des citoyens ?

1 top chrono

“Ah tiens, et si on mettait les candidats dans une salle de classe devant des élèves de 8 à 12 ans qui leur poseraient des questions sur leur programme ?” Voici donc cinq aspirants au poste de président de la République devant un tableau noir (on leur dit que la mode est au tableau blanc ?), obligés de répondre dans un temps imparti (il y a même un chrono, sinon ça serait trop facile !!!) à une bande de gamins qui récitent des questions apprises par coeur comme s’il s’agissait de poèmes de Queneau. Le concept de Candidats au tableau, diffusée sur C8, tient plus de la téléréalité que de l’émission politique et atteint par moments un tel niveau de démagogie qu’elle en devient difficilement regardable.

2 de la viralité

Quel était l’objectif, à part nous montrer que François Fillon ressemble effectivement à un vieux prof d’histoire-géo ? Certainement rendre les programmes des candidats plus accessibles et récolter de bonnes audiences grâce au buuuuzzzzz. Le souci étant que l’émission ne s’adresse pas aux enfants de 12 ans qui n’ont, rappelons-le, pas le droit de vote. Mais alors, qui cible-t-on ? Des électeurs que l’on infantiliserait en cherchant à sursimplifier les programmes politiques ? Et pourquoi persister à transformer la campagne présidentielle en divertissement, dans la veine de l’émission de M6 Une ambition intime qui se chargeait, elle, de nous dévoiler l’humain derrière le politique au risque de nous rendre tous les candidats bien trop sympathiques ?

3 la course au LOL

“Comment elle va Penelope ?”, demande une petite fille de sa voix fluette. “Ecoute, elle va bien, c’est une Galloise, les Galloises sont des femmes extrêmement solides.” Il atteint là un sommet du ridicule, comme avec son dab, le candidat LR ayant compris que se sentir l’aisselle en tendant les bras, ça faisait djeun et cool. Mais derrière la karinelemarchandisation de la politique et la profusion de mèmes éclipsant les discours, tout n’est pas à jeter. En exigeant des candidats des réponses simples, claires et courtes, Candidats au tableau bouscule les codes et atteint ici et là une certaine transparence. Dommage qu’elle soit noyée dans une course au LOL. Depuis quand chanter Un kilomètre à pied et manger un criquet sont-ils des critères pour évaluer un candidat à la présidentielle ?