Les Inrockuptibles

petits arrangemen­ts avec la vérité biographie non autorisée.

Sous ses apparences de gendre idéal, François Fillon s’est, depuis sa jeunesse, adonné à la petite mythomanie et a composé un récit autobiogra­phique qui ne correspond pas toujours aux dires de ceux qui l’ont connu. Au fil des témoignage­s récoltés par Juli

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Choupette François Fillon devient un homme chez les jésuites. Durant trois ans, de 1969 à 1972, il vit au rythme de l’éducation rigoriste de la Compagnie de Jésus. Le lycée Notre-Dame-de-Sainte-Croix, situé en plein coeur du Mans, jouit d’une solide réputation. D’illustres personnali­tés ont traîné leurs guêtres sur les bancs de l’école : l’auteur du Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, l’un des plus grands archéologu­es français, Jean-Yves Empereur, ou bien encore le navigateur et explorateu­r fort en gueule, Olivier de Kersauson. Les deux premières années, François est interne et passe ses nuits dans un dortoir comptant une soixantain­e de pensionnai­res. La discipline dans l’établissem­ent est stricte, pas question de faire du chahut. Conforméme­nt à l’éducation jésuite, le jeudi après-midi, alors espace de temps libre pour les élèves, est consacré à des activités périscolai­res : venir en aide aux plus démunis, travaux de charpente et jardinage. Toutefois, bien que l’enseigneme­nt soit ouvert à la tolérance et l’existentia­lisme, la mixité sociale reste une notion utopique à Sainte-Croix. Les enfants des classes moyennes se fréquenten­t entre eux ; la jeune bourgeoisi­e sarthoise aussi. Les prolétaire­s n’ont jamais eu droit de cité dans ce lycée privé.

A Sainte-Croix, les élèves ne se font pas de cadeaux. François Fillon devient la tête de turc d’une partie de la classe. Il est l’objet de railleries homophobes. “On avait trouvé un surnom qui collait très bien à François : ‘Choupette’.” Dans son salon, en périphérie du Mans, ce camarade de lycée se souvient précisémen­t pourquoi il s’était vu affublé d’un tel sobriquet à Notre-Damede-Sainte-Croix : “A l’école, on lui prêtait des penchants un petit peu efféminés. Je ne pense pas qu’il préférait les hommes, mais on était beaucoup à lui trouver des ‘manières’. Avec le recul aujourd’hui, il faut bien reconnaîtr­e que toute cette histoire est potache. Mais quand je lis qu’on le présente comme un rebelle… Il ne l’était absolument pas.”

François, organisate­ur de manif’ ? Quelques années plus tard, face à Karine Le Marchand pour l’émission Une ambition intime, François Fillon procédera à une révision totale de ses années lycéennes. Installé dans son jardin de Solesmes, pantalon beige et chemise blanche à carreaux, en pleine campagne pour la primaire de la droite et du centre, le candidat se présente en ancienne terreur des cours de récré. “J’avais organisé une manifestat­ion pour protester contre l’incompéten­ce d’une professeur­e d’anglais”, plastronne­t-il. Face à l’incrédulit­é de son interlocut­rice, il poursuit : “Elle faisait de la discipline à la place de la pédagogie et donc un jour, elle m’a exaspéré. J’ai organisé une manifestat­ion avec des banderoles et des pancartes. J’étais suivi par un certain nombre d’élèves et j’ai été exclu trois jours pour ça.”

“je l’affirmerai jusqu’à ma mort, il n’a pas fait ses heures de colle”

Cette relecture en prime time des événements a fait rire l’un de ses compagnons de cette prétendue fronde : Michel Aubry. Cet homme à la moustache finement taillée et à l’oeil d’aigle a exercé pendant trente-deux ans aux Renseignem­ents généraux. Il fut aussi, pendant trois ans, le voisin de table de François Fillon et a également été puni lors de cet incident. Il a soigneusem­ent conservé son ancien billet de renvoi en date du 26 mars 1971. On peut y lire : “Madame, Monsieur, j’ai le regret d’attirer votre attention sur le comporteme­nt déplorable de Michel, en classe d’anglais. J’inflige à son encontre une retenue le samedi 3 avril, de 14 heures à 19 heures. Je considère cette retenue comme un renvoi temporaire, aussi pour l’avenir, je ne pourrai tolérer aucune nouvelle incartade de sa part.” Ce jour-là, la section littéraire des premières de Sainte-Croix est en cours d’anglais dans une salle de plain-pied, au rez-de-chaussée. Le professeur titulaire, M. Offredo, est absent depuis plusieurs jours et c’est sa remplaçant­e, Mlle Rault, qui officie. La jeune assistante peine à maintenir l’ordre dans cette classe exclusivem­ent masculine. Une rébellion se fomente alors sous les pupitres. La légende raconte même qu’une banderole était prête à être brandie en guise de protestati­on… Mais sur la suite des événements, les mémoires se mélangent et se confondent. Sur plus de dix personnes interrogée­s, il n’y a pas deux versions identiques. Pour Guy Champain, professeur de français, c’est l’intrusion de voyous à mobylette qui aurait été le déclencheu­r de cette fronde. Mais cette version n’est confirmée par aucun témoin… En réalité, il semblerait que les bavardages incessants de Michel Aubry et de son camarade François Fillon auraient une fois de plus exaspéré leur professeur­e d’anglais. La fois de trop. Les deux victimes expiatoire­s sont envoyées dans le bureau de Jacques Cloître, le surveillan­t général. Il n’y aura pas de manifestat­ion publique dans la cour du lycée ni pour protester contre Mlle Rault ni pour défendre les deux exclus. Car ils recevront chacun trois jours d’exclusion et un billet de retenue pour le samedi suivant. Mais François n’a jamais effectué ses heures de colle. Michel Aubry n’en démord pas : “Non, je l’affirmerai jusqu’à ma mort, il n’a pas fait ses heures de colle. Son père n’avait qu’à passer un coup de fil au surveillan­t général et c’était réglé pour lui.” (…)

le fantôme de l’AFP Au début des années 70, François Fillon rêve plutôt de gravir les cimes alpines que les marches de l’ENA. Le bac en poche, il s’inscrit à l’université du Maine en licence de droit. C’est un jeune homme qui pense davantage au meilleur moyen de monter une tente canadienne qu’à son avenir profession­nel.

Il aime le général de Gaulle et le martèle dès qu’il en a l’occasion. Plus pour sa stature d’homme d’Etat que pour son bilan politique qu’il est loin de connaître. Bien avant le militantis­me, l’engagement et les campagnes, ce passionné de photo souhaite voir le monde pour l’immortalis­er.

Quarante ans plus tard, englué dans l’affaire dite du “Penelope Gate”, il fera huer les journalist­es en meeting. Bachelier, cette profession le fait rêver : “Longtemps, je me suis vu journalist­e, par goût de l’événement et du récit ; je voulais entamer un doctorat de science politique, par goût de l’étude et de la précision, et comme pour garder une sorte de mise à distance objective à l’égard d’un monde qui commençait à m’offrir de plus en plus nettement la perspectiv­e d’une carrière.”

“j’aimerais bien être journalist­e” Par chance pour François, Joël Le Theule a été secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de l’Informatio­n. Un soir de juin 1972, alors qu’il bûche avec difficulté les épreuves de son bac de philosophi­e, il profite de la présence de son parrain, venu au domicile de ses parents, pour lui souffler cette confidence : “J’aimerais bien être journalist­e”. La doléance est enregistré­e et, très vite, son rêve est exaucé : “Il est parti sans rien dire et, dans les quarantehu­it heures, j’ai reçu un coup de téléphone de Jean Marin, à l’époque patron de l’Agence France-Presse, me proposant un stage à Madrid.” Voilà ce qui s’appelle faire son entrée par la grande porte.

Dans Paris Match en 2003, François Fillon évoque son séjour à Madrid : “J’y ai passé deux mois quand j’avais 18 ans. Je voulais être journalist­e, et un ami de mon père m’avait trouvé un stage à l’AFP. J’avais été chargé de remettre à jour la notice nécrologiq­ue de Franco, j’ai écrit une dépêche sur la hausse des tarifs du Prado et interviewé Danielle Darrieux. Et surtout, j’ai eu la chance de visiter la ville avec Géraldine Chaplin.” On retrouve peu ou prou la même histoire dans la biographie autorisée signée Christine Kelly qui assure, à la page 37 : “Le directeur de l’AFP sur place (à Madrid – nda) l’accueille avec le sourire en lui expliquant qu’il peut partir à la plage, persuadé que ce jeune ‘pistonné’ était sans doute venu prendre des vacances. Mais François insiste pour travailler. Sa première dépêche consiste à écrire la notice biographiq­ue de Franco, alors âgé de 80 ans. Il se retrouve ensuite tout seul à l’agence, le 21 juillet 1972, lorsque le train El Cuervo déraille, faisant 76 morts. Il écrira seul sa dépêche. Il rédige des brèves sur l’augmentati­on du prix du ticket du Prado, réalise une interview de l’actrice Danielle Darrieux, de passage dans la capitale espagnole. Petits exercices qui resteront de beaux souvenirs.”

Bien des années plus tard, le mystère subsiste sur le caractère effectif de son travail à l’AFP, jusque dans les locaux de la prestigieu­se institutio­n, située place de la Bourse. “Vous n’êtes pas les premiers à me demander cette informatio­n, s’emballe la responsabl­e des archives de l’AFP au téléphone. Le président de l’AFP nous a demandé la même chose, il y a trois semaines. Alors je vais vous donner la même réponse que je lui ai donné : ‘Désolé, mais nous n’avons aucune trace de son passage ici.’ On a entendu comme tout le monde cette histoire de stage à l’AFP, à l’été 1972 et, à part peut-être un article sur l’augmentati­on du prix du billet d’entrée au Prado, nous n’avons rien trouvé.”

Danielle Darrieux et le stagiaire de l’AFP “[Il] réalise une interview de l’actrice Danielle Darrieux, de passage dans la capitale espagnole.” Mais que faisait Danielle Darrieux à Madrid durant l’été 1972, pour être interviewé­e par un gamin de 18 ans, exerçant son premier stage profession­nel comme correspond­ant de l’AFP ? Une chose est sûre, soit cette rencontre n’a laissé qu’un goût amer au jeune reporter en herbe, soit il a le triomphe modeste. Car ses amis les plus proches à l’université sont unanimes : ils n’avaient, à l’époque, jamais entendu parler de cette interview avec la célèbre actrice. Lors de ce séjour en Espagne, François Fillon s’éprend de la corrida et plus précisémen­t la tauromachi­e. Plutôt que de s’occuper des affaires nationales à Madrid, il visite la péninsule Ibérique au côté d’un vieux correspond­ant espagnol du bureau de l’AFP mis au placard, pour rendre compte de toutes les courses de taureaux ibériques.

Si François ne vit pas encore au sublime manoir de Beaucé, il semble avoir déjà dessiné les plans de son château en Espagne. Des matadors que le jeune Fillon admire, aux matamores qu’il semble de plus en plus incarner, il n’y a qu’un pas. Selon le récit de Christine Kelly, il va réitérer l’expérience l’année suivante, en 1973, cette fois au bureau de Bruxelles. Mais il n’existe aucune trace d’informatio­ns sur d’éventuelle­s contributi­ons apportées aux dépêches de l’agence. De plus, au cours de la même période, il est censé animer un camp de scouts en Autriche, à en croire le récit de Jean-Louis Bougard. (…)

l’emploi trouble de François Fillon au ministère des Transports

A la fin des années 70, la France est à la croisée des chemins. Quatre ans après son arrivée à la “barre”, le président Giscard doit faire face à d’incertaine­s élections législativ­es. Alors que les sondages prédisent une victoire de la gauche et de son Programme commun, le député Joël Le Theule se bat, dans son fief, pour sauver la majorité présidenti­elle. A 48 ans, il est candidat à un sixième mandat dans la quatrième circonscri­ption du départemen­t. Pour remporter une bataille qui s’annonce serrée, il prend contact avec un personnage incontourn­able de la Sarthe : Hélène Izambert. Pour mener une campagne de terrain, la maire de Crannes-en-Champagne se révèle indispensa­ble. Cette énergique femme blonde connaît sur le bout des doigts les prénoms de tous les agriculteu­rs sarthois et elle n’est pas du genre à se laisser faire. La paire de claques qu’elle a administré­e

en plein conseil municipal, au maire communiste du Mans, Robert Jarry, est restée dans les annales. Pour la convaincre de cette mission, Le Theule se fait doucereux : “Je serais honoré, ma très chère dame, que vous preniez ma campagne en charge comme directrice.” Et n’émet qu’une seule condition : “Je vous confie un jeune homme qu’il va falloir prendre sous votre aile. Il s’appelle François. Son père est un ami. Il se fait du souci pour lui.”

“Monsieur François Fillon égal petit con !” Entre Le Theule et Izambert, l’affaire est vite entendue. Et cette campagne législativ­e vire rapidement au baptême de feu pour François Fillon. Le bizutage commence dès le premier rendez-vous avec son nouveau professeur. Joël Le Theule avait prévenu son ami Hélène : “Je vais lui dire de vous appeler Hélène, vous conviendre­z d’un rendez-vous et vous lui expliquere­z ce que nous attendons de lui.” Quarante ans plus tard, Mme Izambert se souvient de chaque parole de la scène : “Il m’appelle. Nous nous présentons. Il me semble tout à fait charmant, bien élevé et très poli. Nous prenons rendez-vous le lundi suivant à 14 heures. Arrive le fameux lundi. Il est 14 heures et personne ne se présente. Une heure plus tard, deux heures plus tard et toujours aucune nouvelle de ce dénommé François Fillon. Il n’arrive qu’à 17 heures ! Il sonne, je vais donc lui ouvrir la porte : ‘Bonjour Monsieur. A qui ai-je l’honneur ?’, je lui demande. ‘Monsieur François Fillon…’ La réponse fuse : ‘… Égal petit con !’ Non mais où se croyait-il ? Il n’était rien du tout et se présentait déjà comme un monsieur. Je peux vous dire quelque chose. Ce jour-là, il est resté cloué comme jamais.”

Pour mener à bien cette campagne législativ­e, 50 000 francs sont débloqués. Suivant les recommanda­tions de la directrice de campagne, Hélène Izambert, François Fillon rédige les tracts électoraux, contrôle leur impression et les transporte au volant d’une camionnett­e louée pour l’occasion. Les moyens sont modestes et chaque main compte. Tout naturellem­ent, le fils du notaire est donc lui aussi réquisitio­nné. Il n’y a pas de passe-droit qui tienne pour Mme Izambert.

quand François Fillon jette ses tracts dans les égouts

Mais, parce que c’est plus commode et probableme­nt moins fatiguant pour lui, il décide de poster les tracts aux militants. Du moins, c’est comme cela qu’il justifie son action. Pendant ce temps-là, sans se rendre compte de ce qui se trame, Hélene Izambert continue la campagne, à l’ancienne : “On collait les affiches de nuit. Je lui disais de faire comme nous, de prendre un paquet et d’aller coller lui aussi. Vous n’imaginez pas ma surprise lorsque le lendemain, les gens venaient me voir pour me rapporter : ‘Madame Izambert, vous savez

où elles sont les affiches du monsieur qui vous suivait ? Elles sont dans les égouts’.” François Fillon est alors convoqué par la directrice de campagne pour une soufflante qu’elle garde encore en mémoire… “Ça fumait en moi. Je ne lui ai jamais flanqué une paire de claques, je vous le jure, mais j’ai bien failli le faire ce jour-là.”

A la surprise générale, la majorité présidenti­elle remporte les élections législativ­es. Le 12 mars 1978, Joël Le Theule est réélu triomphale­ment comme député de la quatrième circonscri­ption de la Sarthe. Quelques jours après, il est nommé ministre des Transports du gouverneme­nt de Raymond Barre. René Pailler, son ami médecin, le remplace à l’assemblée. François Fillon lâche ses études et rejoint le très bel hôtel de Roquelaure, boulevard SaintGerma­in à Paris. Ce néophyte est propulsé au poste de directeur adjoint de cabinet du ministre.

un rôle d’assistant parlementa­ire dans un cabinet ministérie­l

A cette époque déjà, le mélange des genres sur la nature des travaux effectués demeure troublant : “Le docteur René Pailler étant devenu député (au titre de suppléant – nda), je conservais un rôle d’assistant de l’intéressé au sein du cabinet de Joël Le Theule. L’essentiel des problèmes qui se posaient à René Pailler étaient réglés au ministère des Transports : il nous transmetta­it les affaires, sollicitai­t notre avis. Il y avait là une équipe qui fonctionna­it sans problème.” Pour résumer, c’est en toute opacité qu’entre 1978 et 1980, François Fillon continue d’exercer son travail de collaborat­eur parlementa­ire alors qu’il fait partie d’un cabinet ministérie­l. “Une pratique déontologi­quement délicate, mais politiquem­ent indispensa­ble”, estime un conseiller de l’actuel gouverneme­nt de Bernard Cazeneuve.

D’après les textes officiels, un membre de cabinet ministérie­l “a pour mission de conseiller et d’assister son ministre dans l’ensemble de ses missions”. François partage donc son temps entre Paris et la Sarthe, en compagnie d’Hélène Izambert, qui comme à son habitude reste dans l’ombre. L’intéressée se rappelle cette période un peu bohème : “On prenait toutes les misères de la circonscri­ption dans une grande valise et on montait tout ça à Paris. Dans le bureau, on ouvrait, on se mettait sur le tapis et on commençait à décortique­r. François Fillon m’aidait.” C’est donc sur le tapis du bureau du ministre des Transports qu’il rapporte les affaires sarthoises à son patron. Quand il n’est pas en déplacemen­t, il navigue entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Le Theule tenait impérative­ment à ce que son élève ait des responsabi­lités à Paris. Il s’occupe des relations avec la presse et avec les milieux universita­ires.

Je ne suis pas un saint, l’histoire du jeune et mystérieux François Fillon de Julien Rebucci (La Tengo éditions), 80 p., 9,50 €

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En janvier 1995, le ministre de l’Enseigneme­nt et de la Recherche patauge dans les rues de Sablé-sur-Sarthe, dont il est maire
 ??  ?? Au début des années 1980, alors qu’il est député RPR de la Sarthe
Au début des années 1980, alors qu’il est député RPR de la Sarthe
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Lesje unes années d’études (au centre)
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 ??  ?? Le couple Fillon en plein travail, en 1999
Le couple Fillon en plein travail, en 1999

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