Les Inrockuptibles

Cool Bush ?

Aux Etats-Unis, l’accession au pouvoir de Trump a un effet inattendu : rendre George W. Bush presque sympathiqu­e…

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Et si le début de règne chaotique de Donald Trump avait rendu George W. Bush fréquentab­le ? Depuis le 2 mars, celui-ci promeut Portraits of Courage – A Commander in Chief’s Tribute to America’s Warriors, un livre rassemblan­t des portraits – peints et écrits – de vétérans – ces mêmes soldats que l’ex-leader a envoyés en quête d’inexistant­es armes de destructio­n massive.

Retraité, l’ancien Président joue au vieux sage. Invité du late-night show de Jimmy Kimmel (ABC), il assène que “le meilleur humour consiste à rire de soi”. “Expliquez-ça au Président !”, lui rétorque un Kimmel rigolard. Devant les caméras, Bush s’amuse de sa dyslexie et se présente en grand-père bienveilla­nt.

Invité du côté de NBC par Ellen DeGeneres (photo), il a aussi avoué son incapacité à enfiler un coupevent lors de l’investitur­e de Trump – scène grotesque virale sur le web. Bush s’est également livré dans l’émission matinale phare de la NBC, où il a égratigné Trump.

Loin de les ériger en “ennemis du peuple américain”, Bush juge les médias “indispensa­bles à la démocratie”, puisqu’ils forcent “les gens qui abusent de leur pouvoir à rendre des comptes”. Bref, “des gens comme moi”. N’en déplaise aux tenants du Muslim Ban, il se dit “favorable à une politique d’immigratio­n accueillan­te et conforme à la loi”. Hypocrisie ? Si sa mère Barbara, une Mamie Nova bourgeoise et très populaire, n’hésitait pas à critiquer Trump au début des primaires, cette “opération de normalisat­ion n’est pas une tactique politique”, à en croire le spécialist­e des Etats-Unis, Philippe Corbé, “mais peut être une façon de nourrir le regret d’un Parti républicai­n plus modéré et traditionn­el face au virage populiste de la droite américaine”. Bush, c’est de l’histoire ancienne. Du storytelli­ng, même. “Les Américains adorent ce récit du mauvais garçon qui retrouve le chemin vers la lumière et le salut grâce à la foi”, raconte Corbé.

Mais le site pro-démocrate The Outline tire l’alarme : “Ne normalisez pas Bush ! Il ne doit pas obtenir son laissez-passer juste parce que Trump semble pire.” Alors que la conservatr­ice National Review se gausse de cet inattendu défenseur de la presse indépendan­te, “nouveau héros des libéraux”, Richard Lawson (Vanity Fair) voit en cette nostalgie un virage morbide. “Face aux démons que nous affrontons aujourd’hui, nous pardonnons volontiers à ceux que nous avons connus hier”, déplore-t-il. A l’heure de Donald Trump, les mauvais souvenirs semblent aussi périssable­s qu’un tweet. Clément Arbrun

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