Les Inrockuptibles

Marine le fail

Avec son affiche de campagne pour le second tour, la candidate d’extrême droite cherche à retoucher son image en jouant la double carte de la féminité et du féminisme. Perdu.

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1 fake news

Vous avez d’abord cru à un gag, avant de vous apercevoir qu’il s’agissait de la véritable affiche de campagne de Marine Le Pen pour le second tour de la présidenti­elle. Vous vous êtes alors attardés, noyés sous le déluge d’informatio­ns contenues dans un si petit espace. La tête rendue macrocépha­le par un Photoshop mal maîtrisé (en 2017, sérieux), légèrement penchée, comme si elle s’apprêtait à se dévisser dans un remake de film d’horreur de série Z avec effets spéciaux home-made. A l’arrière-plan, la bibliothèq­ue est censée fonctionne­r comme un gage d’érudition et de sérieux. Loin d’être rangée, elle donne à voir certains livres posés à plat sur les autres, comme s’ils venaient d’être empruntés par la candidate. Un détail certaineme­nt pensé pour “faire vrai”, dans cette affiche qui sonne terribleme­nt faux.

3 subliminal­e Marine

Mais ce n’est pas tout. La cuisse mise à nu convoque aussi l’image de la femme libre de porter une minijupe et d’assumer son corps. “Un parti pris assumé. Il s’agit d’un message subliminal par rapport à l’islam”, a confié son entourage à L’Express. Car en France, “les femmes s’habillent comme elles l’entendent”. Marine Le Pen utilise donc la lutte contre le slut-shaming et, plus largement, les préoccupat­ions féministes actuelles pour dérouler son

2 “dédiabolis­ation”, épisode 1263

Nous aurions pu convoquer un synergolog­ue pour décrypter ces mains étrangemen­t emmêlées et soigneusem­ent posées sur ce bureau en bois qui renvoie ici, bien entendu, à la notion de travail. Mais concentron­snous plutôt sur l’addition du brushing blond, de la veste bleue, de la minijupe noire et de cette cuisse légèrement dévoilée par une Marine Le Pen à demi-assise sur ce fameux bureau, qui évoque dès lors autant le sérieux que la décontract­ion. En affichant les stéréotype­s de la féminité, la candidate frontiste cherche encore à adoucir son image. Puisque, selon une vision conservatr­ice et naturalist­e de la société, la femme – mère en puissance – serait un modèle de douceur et de gentilless­e, une épaule consolatri­ce sur laquelle s’appuyer. discours islamophob­e. Dommage qu’elle ait oublié que l’un des combats du féminisme porte sur la question du patronyme, trop souvent oublié lorsqu’il s’agit des femmes. Ici, la candidate est réduite à son prénom, un simple Marine inscrit en bas à gauche, tandis que l’affiche de son adversaire masculin précise bien “Emmanuel Macron” en toutes lettres. Une tentative pour se rapprocher des électeurs. Avortée…

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