Les dieux s’ennuient

L’adaptation du roman de Neil Gaiman, arrive avec ses gros sabots. Pour les fans.

DAmerican Gods, ’abord développée pendant des années par HBO, qui a fini par jeter l’éponge, American Gods fait partie depuis longtemps des séries attendues par les fans avec une forme d’impatience mêlée d’inquiétude. Le cadre général fait irrésistiblement penser à Game of Thrones, puisqu’il s’agit là aussi de l’adaptation d’une oeuvre littéraire culte flirtant avec la fantasy – même si elle se déroule à l’époque contemporaine. Ecrit par Neil Gaiman en 2001 et réputé compliqué à transposer à l’écran, le dossier American Gods a été repris en main pour Starz par le duo Bryan Fuller (Hannibal) et Michael Green (Logan), qui tentent de détricoter ce récit mythologique en huit épisodes.

En Amérique aujourd’hui, d’anciens dieux venus du monde entier veulent retrouver leur lustre perdu et affrontent de nouvelles divinités liées à la modernité – dont un dieu d’internet ! Entre les deux navigue un ex-taulard, Shadow Moon (Ricky Whittle), endeuillé par la mort de sa femme Kristin Chenoweth

et chapeauté par une réincarnation d’Odin (Ian McShane, ressuscité de Deadwood). Dans une atmosphère de blockbuster intello se trame un déluge de visions baroques parfois fascinantes – un arbre desséché au bout d’une grotte, un bison aux yeux traversé de flammes – mais un peu vaines.

Au fil des deux premiers épisodes que nous avons pu voir, violence, sexualité et humour acide s’allient pour dresser le portrait d’une nation d’immigrants menacée par les faux prophètes. Mais la politique ne fait pas tout. Dans la lignée de Mr. Robot, Legion, voire Westworld, American Gods investit un espace mental où une croyance hors du commun est demandée à celles et ceux qui regardent. Un défi souvent raté ici : les personnages semblent porter toute la lourdeur du monde sur leurs épaules sans vraiment vouloir autre chose qu’alimenter leur épuisement – et le nôtre. O. J.