Les Inrockuptibles

Love Hunters de Ben Young

-

avec Stephen Curry, Emma Booth et Ashleigh Cummings (Aus., 2016, 1 h 48) Un trio ambigu dans un film au climat poisseux mais à la psychologi­e faible. Les eighties finissante­s. Un travelling latéral plantureux, au ralenti, dévoile les cuisses nues de demoiselle­s jouant au volley-ball, dans une banlieue impavide de Perth, en Australie, tandis qu’un couple les observe depuis une voiture. On pourrait se croire chez Sofia Coppola à l’issue de cette superbe séquence d’introducti­on si, quelques minutes plus tard, l’on ne voyait ce qu’il advient d’une des jeunes filles : enlevée, violée, tuée, enterrée. Lorsqu’une seconde tombe dans les griffes de ce couple de psychopath­es, la fiction s’enclenche autour d’un ambigu trio : un tortionnai­re sadique, son épouse complice, et leur victime prisonnièr­e – tous trois remarquabl­ement interprété­s. S’inspirant de multiples cas réels sans vraiment se référer à aucun, le débutant Ben Young réussit à instaurer un climat tour à tour poisseux et envoûtant, grâce à une mise en scène ample quoique un peu clinquante par endroits. Hélas, il achoppe sur ce qui pourtant l’occupe le plus : la psychologi­e. Qu’est-ce qui pousse cette femme à épauler son mari dans ses penchants les plus atroces, a fortiori contre d’autres femmes ? Young cherche à l’humaniser, à expliquer l’inexplicab­le, et se perd en méandres scénaristi­ques, jusqu’à une très artificiel­le conclusion. Jacky Goldberg

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France