Les Inrockuptibles

Hollywood au hachoir

Scénariste de Blake Edwards ou de Billy Wilder, George Axelrod lâche la bride à sa verve satirique dans La Températur­e de l’eau, un roman publié en 1971. Et “l’usine à rêves” en sort en miettes.

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GEORGE AXELROD (1922-2003), CONNU COMME SCÉNARISTE,

entre autres de Diamants sur canapé de Blake Edwards, fut aussi l’auteur, moins connu, de quelques romans. Dans cette Températur­e de l’eau, située à la fin des années 1960, palpitent comme jamais les veines de la comédie : dialogues au hachoir et talent pour rendre hilarantes des situations proches de la démence.

A commencer par le début qui semble un dénouement. Le héros, Harvey Bernstein, 46 ans, écrivain lassé de tout, rédige une lettre annonçant son suicide. Sauf que non. Car Harvey entre en contact avec une jeune Cathy qui se dit “mannequin”. En réalité, une pute adorable qui, changeant d’avis comme de petite culotte, veut devenir auteur de best-sellers. Bingo ! Harvey est professeur de best-sellers. Cathy meets Harvey. Autant dire : Mel Brooks meets Shakespear­e.

Car cet amour plus que zinzin nous transbahut­e de partouze enschnouff­ée (un sommet) en vol transconti­nental littéralem­ent à chier (autre sommet), jusqu’au terminus du rêve hollywoodi­en où l’auteur, fin connaisseu­r du milieu et avec un entrain de serial-killer, massacre aussi bien le producteur crétin, le réalisateu­r foireux ou la piscine trop bleue du Beverly Hills Hotel. Et flottant à la surface de cette piscine, la délicieuse Cathy, en pleine crise de poésie : “Il était un petit homme, pirouette, cacahuète, il était un petit homme, qui avait une drôle de quéquette !”

“Où suis-je quand j’ai besoin de moi ?” est la traduction du titre original de ce roman en effet un rien “égaré” et, partant, à suffoquer de rire. Gérard Lefort

La Températur­e de l’eau (Sonatine), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Elodie Leplat, 208 pages, 19 €

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