Jeremy Perrodeau
Crépuscule Editions 2024, 144 pages, 24,50€ Poétique et captivant, un album de SF au trait minimaliste.
L’équipage d’une station orbitale chargée de surveiller une planète à l’environnement artificiellement conçu par l’homme disparaît mystérieusement. Deux humains et deux androïdes se rendent sur place à leur recherche et découvrent que la nature a muté. Parsemé d’étranges figures géométriques, le paysage semble mouvant. Alors que l’on apprend par flash-backs ce qui est arrivé à cette planète avant sa colonisation, l’équipe se retrouve piégée par l’espace et le temps. Loin des space-operas intergalactiques au dessin réaliste et détaillé, Crépuscule est un récit de SF sèche et dépouillée. Jeremy Perrodeau, qui a très certainement lu les mangas abstraits de Yuichi Yokoyama aux mondes bizarrement peuplés de structures géométriques, bâtit ce long récit d’un trait minimaliste. Ses personnages, simplifiés à l’extrême, ont le visage vide. Comme Yokoyama, l’auteur s’appuie sur les formes – mais aussi sur les couleurs (bichromie rouge, bleue ou jaune suivant les chapitres et la temporalité de l’histoire) – pour construire l’odyssée des protagonistes et renforcer le mystère. Cet album poétique et captivant se double d’une réflexion subtile sur la responsabilité de l’homme face à l’environnement. A.-C. N.