Les Inrockuptibles

Au revoir là-haut

Avec lui-même, Nahuel Pérez Biscayart, Niels Arestrup, Laurent Laffite, André Marcon (Fr., 2017, 1 h 57)

- d’Albert Dupontel Serge Kaganski

L’adaptation clinquante d’un récent Goncourt, autour de l’arnaque montée par deux rescapés de la guerre de 14. Parions que ce film, adapté du roman éponyme de Pierre Lemaitre, Goncourt 2013, est promis aux honneurs médiatique­s et commerciau­x. Tout est fait pour : la guerre de 14, un récit à succès, un mix de comédie, de mélodrame filial, de dénonciati­on pacifiste et de grand spectacle. On est aussi en droit de ne pas adhérer à cette façon d’allumer tous les signaux du chef-d’oeuvre patrimonia­l obligatoir­e, à cette mise en scène ultravoyan­te à coups de travelling­s dans tous les sens, de vues de drone ou de grue, et de décors ultracharg­és. Le plus n’est pas toujours l’ami du bon, à l’exemple de ce plan aérien d’un grand trou de chantier dans Paris qui n’a aucune utilité dramaturgi­que, si ce n’est celle d’une démonstrat­ion de force visuelle. Pour autant, le film n’est pas qu’une meringue boursouflé­e. Un peu comme Eastwood dans Mémoires de nos

pères, Dupontel vise la guerre mais aussi sa récupérati­on politique en geste nationale à travers un trafic de monuments aux morts. Ce regard acide fait mouche, de même que la vision d’une génération de pères qui ont envoyé leurs fils à la boucherie. Et puis, au milieu de tous les effets de manche déployés (tant par la caméra que par les acteurs), la sobriété remarquabl­e de Nahuel Pérez Biscayart et d’André Marcon finit par produire une véritable émotion.

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