Nouvelle Tête
Entre afro-house et pop, ce collectif de Kinshasa renverse tout avec deux ep fabriqués avec des bouts de ficelle. En tournée française.
QUAND DÉBRUIT, LE PRODUCTEUR GLOBE-TROTTEUR FRANÇAIS, ATTERRIT DE NUIT ET POUR LA PREMIÈRE FOIS
DE SA VIE À KINSHASA, EN JUILLET 2016, il file directement dans un genre de club de danseuses pour ne pas rater le concert de la légende underground locale : Bebson. Et là, il découvre un type avec une scie circulaire qui envoie des étincelles aux pieds du public assis sur des chaises en plastique. “C’était le premier soir,
et j’ai compris que ça pouvait aller loin”, raconte Débruit. Effectivement, c’est allé loin et vite. Moins d’un an plus tard, Débruit se retrouve sur scène pour une dizaine de dates sélects avec ses nouveaux amis de Kokoko! Ce groupe (projet ? collectif ?) est né à Kinshasa dans le laboratoire de La Belle Kinoise, la structure qui avait révélé le groupe de handi-bikers Staff Benda Bilili en 2010… et c’était quelque chose. Kokoko!, c’est encore autre chose : des musiciens qui jouent sur des instruments fabriqués avec des rebuts de la société de consommation (boîtes de conserve, bouteilles en plastique, vieille machine à écrire, volant de voiture…), des chanteurs-performeurs affamés (Makara Bianko en tête) et Débruit qui projette là-dessus ses fantasmes d’une musique afro-(no)futuriste pour danser au milieu du chaos. Kokoko! va exister sur scène, dans un film consacré à la bouillonnante créativité artistique de Kinshasa et sur disque. Un premier ep de deux titres, Tokoliana, est sorti au printemps comme un avertissement. Le second,
Tongos’a, est sorti vendredi dernier et il est renversant. Le titre Likolo, incroyable collision d’afro-house sur refrain pop, a tout pour devenir un tube mondial.
Si ces gars fabriquent leur musique avec ce qu’ils ont sous la main, c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens d’investir dans de vrais instruments qui de toute façon sont introuvables à Kinshasa. Ils ont enregistré leurs morceaux dans un studio de fortune, avec des matelas sur les murs pour insonoriser, entre deux coupures de courant. Des musiciens du ghetto, de la rue, qui font de leur survie un art, et inversement. Stéphane Deschamps
Les ep de Kokoko! sont en écoute sur SoundCloud
Concerts Le 27 octobre à Strasbourg, le 4 novembre à Feyzin, le 8 à Angers, le 9 à Rennes, le 10 au Mans, le 11 à Lanester, le 18 à Metz, le 22 à Amiens, le 25 à Boulogne-Billancourt