Les Inrockuptibles

Vincent Dedienne

Cette année, c’est un VINCENT DEDIENNE puissance 3 qui ouvre le bal de nos pérégrinat­ions culturelle­s. Chroniqueu­r régulier dans l’émission Quotidien de Yann Barthès, le comédien marquera plus fortement encore 2018 de sa présence sur scène – dans un Mariv

- TEXTE Fabienne Arvers et Jean-Marc Lalanne PHOTO Felipe Barbosa pour Les Inrockupti­bles

En entretien, le comédien continue de porter un regard drôle, naïf mais toujours aiguisé sur l’époque. Chroniqueu­r régulier dans l’émission Quotidien de Yann Barthès, il marquera plus fortement encore l’année de sa présence sur scène. Il fait partie de nos 50 rendez-vous pour 2018, nos paris culturels à ne pas manquer. A commencer par la série interactiv­e de Steven Soderbergh, le premier roman de la Britanniqu­e Kate Tempest, la grâce de l’actrice Jasmine Trinca, le nouveau livre incisif de Delphine de Vigan, les 50 ans de Mai 68 ou encore les voyous à guitares de Shame…

Dossier coordonné par Jean-Marc Lalanne avec Fabienne Arvers, Léonard Billot, Fleur Burlet, Christophe Conte, Maxime de Abreu, Bruno Deruisseau, Stéphane Deschamps, Marilou Duponchel, Jean-Marie Durand, Azzedine Fall, Erwan Higuinen, Olivier Joyard, Serge Kaganski, Nelly Kaprièlian, Noémie Lecoq, François Moreau, Anne-Claire Norot, Jacques Simonian

MI-JANVIER AU THÉÂTRE DE LA PORTE-SAINT-MARTIN, VINCENT DEDIENNE DIRA LES MOTS DE MARIVAUX.

Le jeune comédien, aux côtés de Clotilde Hesme, Laure Calamy et Nicolas Maury, interpréte­ra Arlequin dans Le Jeu de l’amour

et du hasard de Marivaux, mis en scène par Catherine Hiegel. Jusque-là, on connaissai­t surtout Vincent avec, dans sa bouche, ses propres mots. Ceux de ses irrésistib­les et frondeuses chroniques télévisuel­les (les biographie­s interdites du Supplément, les revues de presse de Quotidien) ou radiophoni­ques (la matinale de France Inter la saison passée). Mais ceux aussi de son propre spectacle,

S’il se passe quelque chose, audacieux autoportra­it déplaçant les frontières entre stand-up et mise en scène théâtrale. Entre deux répétition­s de Marivaux et ses happenings sur TMC, il se raconte.

On va commencer par la fin ! Pourquoi arrêter la tournée de votre spectacle S’il se passe quelque chose ?

Vincent Dedienne —

En fait, on a rajouté des dates… pour six ans ! (rires) Non, en fait on vient juste de rajouter vingt dates parce qu’il y avait des villes pas contentes. Je n’arrive pas à me rendre compte si je l’ai beaucoup joué ou pas. J’entendais Jérôme Commandeur l’autre jour à la radio, il disait qu’il avait joué huit cents fois son premier spectacle. Moi, j’en suis à trois cents fois et quelques, j’ai l’impression que c’est beaucoup et, en même temps, je n’ai aucune lassitude. J’adore la tournée. J’ai juste un peu de lassitude d’être tout seul à l’hôtel, mais dès qu’il faut monter sur scène, je suis toujours très content.

Vous aimeriez lui donner une suite ?

Non. J’ai adoré être seul en scène et c’était pas du tout gagné la première fois que je l’ai joué. J’aurai sans doute envie d’être à nouveau seul parce que c’est un drôle d’exercice qui me plaît bien, mais je ne serai pas le sujet d’un autre spectacle si j’en refais un.

Avez-vous l’impression que la personne qui a créé ce spectacle en 2013 et celle qui le clôt n’est pas tout à fait la même ?

Oui, à cause de ce spectacle d’ailleurs, et de tout ce qu’il a entraîné. C’était le spectacle d’un tout jeune adulte qui rêvait de faire ce métier, et il a exaucé ce rêve.

Le fait que S’il se passe quelque chose vous invente comme chroniqueu­r, presque journalist­e d’une certaine façon, vous ne l’aviez pas du tout anticipé ?

Ah non, pas du tout. Je n’avais jamais rêvé ni de télé, ni de radio.

Et qui a eu l’idée en premier ? Au début, c’est France Inter ou Le Supplément sur Canal+ ?

Ça a été quasi simultané, mais c’est Canal+ en premier. Très vite, France Inter est venu voir le spectacle quand j’ai commencé à le jouer à Paris, au Petit Hébertot. Et m’a proposé de faire d’abord des petites cartes blanches dans l’émission du 7/9. Mais au début c’était Canal parce qu’il fallait remplacer Stéphane De Groodt qui partait.

Ça vous a étonné qu’on pense à vous pour quelque chose qui n’était ni de l’autofictio­n, ni du théâtre, mais du journalism­e ?

Ah oui ! Mais je n’ai jamais eu l’impression de faire du journalism­e.

Vos chroniques sont quand même très nourries par l’actu…

Oui, parce que c’est la consigne. Avant, je n’avais aucune gourmandis­e pour l’actualité, ni pour le spectacle politique. D’ailleurs, c’est ça qui me plaisait au début, d’être un peu naïf, un peu candide. Ce qui explique aussi pourquoi les biographie­s interdites pour Le Supplément sur Canal+ n’auraient pas pu durer longtemps. Au bout d’un moment, je commençais à connaître les bonhommes. Leur pouvoir de fascinatio­n a commencé à fonctionne­r sur moi. J’étais foutu.

La revue de presse de Quotidien, vous la rédigez seul, ou comme vous l’avez montré une fois cet automne, avec deux filles à vos côtés ?

Oui, ça se passe vraiment comme on l’a montré dans cette petite séquence. Ces jeunes femmes sont des copines, et des actrices. Donc personne n’est auteur de vannes profession­nel. Nous formons un petit club, on fait ça pour se faire rire nous. Et c’est très long : je commence à 8 heures et on arrête à 18 heures, juste avant d’y aller. C’est hyper laborieux. Enfin, laborieux non, mais moi j’aime bien me prendre la tête sur une virgule.

Est-ce que vous définissez à l’avance des limites ? Vous allez assez loin dans l’insolence par exemple…

Il n’y a pas de cahier des charges de la part de la production. On nous fout une paix vraiment royale. En fait, mes limites, c’est mon éducation. Je me censurerai­s automatiqu­ement si je me disais “là mes parents vont m’appeler et me dire c’est pas comme ça qu’on t’a élevé”. (rires) C’est vraiment ça, quoi ! L’insolence ça va, la grossièret­é, si elle est un peu enfantine, ça va aussi, mais la vulgarité est une limite. Et aussi faire de la peine… Quand j’ai un retour dans ce sens, je me dis que je suis allé trop loin.

Vous avez écrit un court métrage, Médée, pour la plateforme numérique de l’Opéra de Paris, réalisé par Mikael Buch et interprété par Nathalie Baye. Ce film décrit un rapport conflictue­l entre un fils et une mère. La mère abusive, envahissan­te, c’est une figure qui revient aussi beaucoup dans votre spectacle. On pense un peu à Pierre Palmade dans cette façon d’en découdre psychanaly­tiquement à travers l’humour…

C’est vrai que la pauvre, je la fais revenir tout le temps. Mais je ne suis jamais allé voir de psy. Faut bien que ça sorte quelque part ! Effectivem­ent, je pense que psychanaly­tiquement, il y a un grenier à explorer, aussi parce que c’est très intime comme figure. Je viens d’écrire un film avec Marie-Castille Mention-Schaar sur les mères qui s’appelle La Fête des mères, il y a déjà un million de films qui ont été faits sur le sujet… et il y en a encore un million à faire, car c’est un sujet tellement universel. Je sais que quand je parle de ma mère, vous, vous pensez à la vôtre. C’est un motif présent chez Muriel Robin aussi. Dans un sketch, elle parle même de l’Alzheimer. Mais c’est vrai que chez elle ça a toujours été un personnage un peu off. Chez Zouc, c’est assez fort aussi. Ou même chez Hervé Guibert. La mère, c’est toujours un personnage puissant. Ça m’intéresse d’en découdre avec cette figure absolue, impression­nante. Votre spectacle parle de votre homosexual­ité. Pensezvous que c’est aussi difficile pour un acteur de faire

“L’insolence ça va, la grossièret­é, si elle est un peu enfantine, ça va aussi, mais la vulgarité est une limite. Et aussi faire de la peine…” VINCENT DEDIENNE

son coming-out, vu les risques que ça peut comporter profession­nellement, que pour un enfant de le faire auprès de ses parents ?

Je pense que c’est encore plus difficile pour un acteur. Parce qu’il y a plein d’acteurs pour qui la vie s’arrête s’ils l’annoncent et qu’ils ne peuvent pas se projeter dans une autre vie que celle d’acteur. En faisant un coming-out vis-à-vis de ses parents, on risque d’être à la rue mais on se dit que la vie va continuer, qu’on trouvera des refuges. Alors que si le métier s’arrête, il n’y a pas de refuges, donc ça fait très peur, oui.

Le risque pour vous était-il de cet ordre-là ? Vos parents l’ont accepté facilement ?

En fait, moi je l’ai fait sur scène, avec mes parents dans la salle. On n’en a jamais reparlé depuis, enfin un petit peu, à peine. J’ai fait un coming-out au milieu de quatre cents personnes !

Vos parents ne vous en ont pas parlé ensuite !? Vous pensez que c’est par gêne ?

J’en sais rien. Je ne pense pas que ce soit si grave pour eux. Mais en fait, on échange assez peu sur nos vies privées respective­s. J’ai assez peu accès à la leur, et ils ont assez peu accès à la mienne. Pourtant, on est une famille très aimante, soudée. Par contre, bizarremen­t, quand j’ai joué le spectacle, je ne me suis posé aucune question. Et c’est après, quand j’ai vu que ça commençait à marcher, que je me suis posé la question du coming-out pour le métier. Pour le cinéma notamment. Mais j’avais trop envie de jouer ce spectacle pour reculer… En fait, si je devais le faire maintenant, en sachant que j’allais être plus observé, peut-être que je me poserais la question. Et je ne sais pas comment j’y répondrais…

De fait, il y a quelque chose de militant dans ce que vous avez accompli.

Oui, mais ce n’était pas prémédité.

Pensez-vous que tous les homosexuel­s médiatique­ment exposés devraient se signaler comme tels ou que ce choix doit rester personnel ?

Je change d’avis tous les quarts d’heure là-dessus. Je trouve toujours que ce sont les acteurs qui font changer les choses plus vite. Que, par exemple, le fossé entre théâtre public et théâtre privé, qui paraissait vraiment gigantesqu­e il y a encore cinq ans, s’est réduit grâce à des acteurs. Ce sont les acteurs qui en premier peuvent imposer leur loi. Donc, d’un côté je pense ça, et de l’autre je me dis que si untel ne veut pas le dire, je ne vais quand même pas lui imposer.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du théâtre ?

Gamin, c’est vraiment Muriel Robin. Le premier spectacle que j’ai vu s’appelait Tout Robin et j’ai vu arriver dans la télévision un monstre. Vraiment, c’était un monstre pour moi, quelque chose qui ne ressemblai­t à rien de ce que je connaissai­s : c’était une carrure, un troisième sexe, une androgynie, une façon de s’enlaidir par un sourire, des mâchoires carrées qui m’ont saisi. Je me disais : je ne connais pas ça dans la vraie vie et en même temps, ça parle de moi. Ça m’était très familier. La langue était la mienne, la mélodie était la mienne, le rythme de la comédie était le mien et les ruptures aussi. Bien sûr, je ne savais pas ce qu’était une rupture théâtrale, mais je les avais dans la vie. J’avais 7 ans. Et surtout, j’ai vu un lieu. Je crois que c’était filmé au Casino de Paris, j’ai vu des sièges rouges, j’ai vu une scène, j’ai vu un rideau. Et je me suis dit : “Qu’est-ce que c’est que ces endroits ? C’est ça un théâtre ?” Je pense que ça m’a fait la même chose que les gens qui sont accros au casino. Le monde extérieur disparaît, il n’y a pas de fenêtres, plus d’heure, ça a l’air d’être un abri sous les bombes. J’ai eu envie de passer ma vie sous ces lumières.

C’est pour cela que vous vous êtes orienté vers une école d’art dramatique ?

Non… Si… En fait, je me suis demandé, bon, alors, comment on fait pour être Muriel Robin ? D’ailleurs, comment on fait pour être Pierre Palmade ? Parce que si on est Pierre Palmade, on dîne avec Muriel Robin. Il faut apprendre à être en scène, il faut faire un bac théâtre. Moi, j’ai été très scolaire. Après le bac théâtre, j’ai suivi une fac d’études théâtrales. Puis je me suis inscrit dans une école de théâtre à Lyon et ensuite à Saint-Etienne. C’est là que j’ai découvert Shakespear­e, Molière, Corneille, Jean-Luc Lagarce et, cool, ça m’a passionné.

Dans la vie, étiez-vous déjà ce personnage qui fait rire tout le monde ?

Oui, je n’étais que ça. J’étais très vilain, mais vraiment très vilain. Un adolescent horrible, vraiment ravagé, avec un corps burlesque. Tout le monde voyait bien que dans ma vie c’était pas évident quand même. J’étais très populaire mais tellement bizarre, avec un corps pas possible, des cheveux pas possibles, une tête pas possible, une voix pas possible, une façon de s’habiller pas possible.

Vous n’avez jamais été ostracisé comme a pu l’être Eddy Bellegueul­e, le personnage d’Edouard Louis ?

Non. Peut-être qu’Eddy Bellegueul­e l’aurait été moins s’il avait été très drôle… Moi, ça m’a protégé. C’est un sexappeal, l’humour. Un sex-appeal par défaut, mais un sex-appeal quand même, ce qui fait qu’on est très entouré, très sollicité. Et ça je l’ai compris assez vite. Tant mieux, parce que c’était dur. L’école, c’est quand même la baston.

Ce qui frappe dans votre spectacle, c’est le mélange de la culture la plus pointue avec la culture populaire : de Marguerite Duras à Muriel Robin.

Ça, c’est vraiment moi, mais c’est aussi vraiment plein de gens. Par exemple, un garçon comme Laurent Lafitte est pareil. Il a fait un spectacle insensé tout seul et il est à la ComédieFra­nçaise. On ment tous un peu selon l’endroit où on se trouve. Si on est à une première de Krzysztof Warlikowsk­i à l’Odéon, on ne va parler que de Marguerite Duras et d’Isabelle Huppert.

Et si on va dîner quelque part et que par hasard il y a Pierre Palmade, on va parler de Sylvie Joly. En général, les gens cloisonnen­t. Chez moi, c’est très “réconcilié”. Et puis, le rire de Duras… j’aime bien commencer par son rire. On a une image d’elle très austère, intello, alors qu’elle était aussi très marrante. Elle a un rire très contagieux.

Malgré cette ouverture, avez-vous le sentiment d’être quelqu’un de très exigeant dans vos choix ?

Je suis peut-être plus exigeant dans mes choix de comédien que de spectateur. Pour m’engager, il faut que je sois partant à 100 %. J’ai vu beaucoup d’acteurs malheureux comme Jean Lefebvre ou Jean Rochefort, Philippe Noiret ou Michel Galabru, qui parlaient tout le temps des merdes qu’ils avaient faites, des nanars. J’adorais la façon dont ils le revendiqua­ient mais je ressentais surtout de la tristesse de savoir qu’ils avaient dû passer par là. Ça m’a toujours impression­né.

Entre la carrière de Delphine Seyrig, qui était à 100 % dans tout ce qu’elle faisait au risque d’être assez peu populaire, et celle de Galabru, que choisiriez-vous ?

Waouh. C’est pas fastoche, ça. Je pense que Seyrig a rencontré des gens qui l’ont fait monter plus haut dans la poésie et toucher quelque chose que Galabru méritait de toucher aussi, parce que c’est quand même un immense acteur. Mais pour Delphine Seyrig, il y a eu Duras, il y a eu Claude Régy, Truffaut, Resnais, Demy… Je voudrais rencontrer des gens comme ça. Je me souviens que, enfant, quand j’ai découvert le cinéma d’Alain Resnais, je voulais que cet homme tapisse ma chambre, je voulais qu’il meuble ma maison. Il y a des auteurs qui me modifient vraiment et le cinéma permet ça.

Avec qui aimeriez-vous jouer au théâtre ?

Il y a beaucoup de gens avec qui j’aimerais travailler : Guillaume Vincent, Thomas Ostermeier, François Rancillac, Krzysztof Warlikowsk­i… En fait, moi, idéalement, en janvier, je ferais un truc dans une cave à Argenteuil, enfin je veux dire un truc légal, n’allez pas imaginer n’importe quoi (rires), puis en mars, un truc à l’Odéon avec Christophe Honoré. J’adorerais travailler avec lui au théâtre. Je voudrais aussi faire un spectacle de danse avec Maguy Marin et puis écrire avec Muriel Robin.

Vous adorez chanter aussi, non ? On trouve des vidéos de vous sur YouTube chantant par exemple

Les Insomnies de Barbara…

Oui, j’adore. Les chansons m’ont fait découvrir la musique. Je ne suis pas du tout mélomane, je ne connais pas la musique classique, je n’ai jamais joué d’un instrument. La musique, ce sont les chansons populaires, la variété. Ça a d’abord été ça, Joe Dassin… Plutôt Radio Nostalgie que la musique de ma génération. Après la variété, j’ai basculé dans Barbara, Brassens, Brel. Plutôt des auteurs. A l’adolescenc­e, ça m’a pulvérisé. Je trouve que la chanson, c’est un format divin, idéal. C’est court, c’est puissant, c’est une opération à coeur ouvert. Quand on voit Barbara ou Vincent Delerm ou Camélia Jordana, à chaque chanson, ils font une opération à coeur ouvert. C’est très fort, très puissant.

Vous aimeriez faire un biopic de chanteur ?

Avec mon physique, on me proposerai­t direct de jouer Michel Berger ! (rires) C’est pas mal, hein… J’adorerais ! Ou Jean Schultheis, mais c’est pas près d’être produit, ça. Tout au plus un récital pour des croisières peut-être ! (rires)

Quelle serait votre définition de l’humour ? C’est un masque ? Il y a entre Le Jeu de l’amour… et votre spectacle quelque chose de commun : c’est en étant derrière un masque, en se travestiss­ant, qu’on se dévoile le mieux.

Oui, cette idée, déjà, me bouleverse et c’est très juste. Ça me ressemble. C’est moi, complèteme­nt moi, et c’est l’argument du

Jeu de l’amour et du hasard. C’est comme ce que dit Cocteau sur le mythe : le théâtre, la fiction, c’est le chemin le plus court vers soi. Et si je devais donner une définition du théâtre, ce serait celle-là. J’aime bien dire aussi que c’est un antidote à la morosité et à la mort, un antipoison. Quand on rit vraiment, on oublie qu’on meurt, ce qui arrive rarement sinon… C’est aussi une façon de se présenter au monde au plus nu alors que c’est un masque. Mon spectacle, on m’a toujours dit que c’était une mise à nu alors que j’ai l’impression de faire l’inverse. D’arriver nu, certes, mais ensuite de me déguiser, de m’habiller et de me dissimuler pour apparaître au plus proche de ce que je suis à la fin.

Je l’ai plutôt vu comme une mise au monde.

Oui. La première fois qu’on l’a mis en scène, j’étais en foetus pour la scène d’ouverture. Et puis on s’est dit que non, on va pas prendre les gens pour des cons quand même !

Vous sentez bien 2018 ?

Non ! (rires) Même si j’ai beaucoup de projets au cinéma, au théâtre, je suis superstiti­eux. Comme ça fait deux ou trois ans que tout se passe super bien, je me dis, là, il va falloir payer une petite facture ! Et comme sentimenta­lement, ça s’est un peu cassé la gueule récemment, ça pourrait s’étendre. Je crois aux cycles… (rires) Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mise en scène Catherine Hiegel, à partir du 16 janvier, Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris Xe Il s’est passé quelque chose… Spectacle en tournée en mai et juin Set design Rafael Medeiros Make-up artist Fanny Renaud Coiffure Gilles Le Douaron

“Peut-être qu’Eddy Bellegueul­e aurait été moins ostracisé s’il avait été très drôle… Moi, ça m’a protégé” VINCENT DEDIENNE

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