Les Inrockuptibles

Si tu voyais son coeur de Joan Chemla

- S. K.

Avec Gael García Bernal, Marine Vacth, Nahuel Pérez Biscayart (Fr., 2016, 1 h 26) Huis clos endeuillé dans un hôtel. Un premier film hermétique. Un casting en or massif ne garantit pas un film du même métal. Si tu voyais son coeur semble avoir été fait pour prouver cette règle. La réalisatri­ce francoarge­ntine Joan Chemla y raconte le deuil de Daniel (García Bernal), un jeune homme qui a perdu accidentel­lement son meilleur ami (Pérez Biscayart, qui a deux scènes au début du film). Rongé par le chagrin et un sentiment de culpabilit­é, il échoue dans un hôtel perdu en France profonde où ses rumination­s spleenétiq­ues sont entrecoupé­es par des rencontres avec d’autres âmes perdues (la belle Marine Vacth) ou des individus louches. Le film est aussi zarbi, ennuyeux et improbable que ce bref résumé. Impossible de s’attacher à la douleur de Daniel pour une raison simple : son ami décède au début du film et le spectateur n’a pas eu le temps de les voir vivre ensemble leur amitié. A partir de là, rien ne fonctionne, ni l’exil solitaire du personnage, ni ses rencontres qui restent théoriques, artificiel­les. Rien à reprocher aux acteurs qui font ce qu’ils peuvent, ni à l’équipe technique qui sait fabriquer des plans, mais cela ne suffit pas à faire un film, faute de situations dramaturgi­ques excitantes et de constructi­on préalable de l’empathie avec son personnage. Dès lors, tout s’effondre. Voir ce film équivaut à accompagne­r le deuil d’une personne que l’on ne connaît pas pleurant une autre personne qu’on ne connaît pas plus.

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