Jack use… !
La cinquième chanson de Boarding House Reach, le nouvel album de
Jack White, s’appelle Hypermisophoniac. En l’écoutant, on aura au moins appris un truc : la misophonie est un trouble neuropsychique caractérisé par des réactions émotionnelles négatives à certains sons. Par extension, une sorte d’allergie à certains sons sur certains disques. Et ça marche bien avec Boarding House Reach. C’est en lisant l’article sur Jack White dans le dernier numéro du Rolling Stone américain qu’on a compris. A un moment, Jack a l’air de se vanter : “Sur certaines chansons, il y a trois ou quatre batteurs.” C’est ça le nouveau Jack White : un album avec plein de batteurs. Et plein de bassistes. Et encore plus de claviers. Et des protools qui chauffent. Et du gros son. Et des voix trafiquées partout. Et des choeurs sur-mixés qui nous hurlent dans les oreilles. Mais pas une seule chanson à retenir. Jack White délaisse la guitare et ses fondamentaux (country, blues, rock) pour tenter autre chose, un genre d’énorme fusion glam-funk et parfois jazzy avec une production hip-hop. En un mot : Prince. Ou les ébats entre Prince et Queen. Sur le principe, pourquoi pas ? Sur le disque, l’épuisante impression d’entendre le fou du roi qui s’agite et fait ses numéros. Tout ici sonne comme un collage de gimmicks grimaçants, un boeuf de zicos qui s’esbroufent dans la salle de muscu ou la bande-son de la télé américaine qu’on s’était pourtant juré de ne regarder qu’avec le son coupé. Jack White l’a lui-même déclaré, cet album est sa créature de Frankenstein. Bravo pour la prouesse technique et l’imagination sans limites du créateur. Mais on peut difficilement se mentir : la créature de Frankenstein a toujours eu une sale gueule.