Les Inrockuptibles

Le grand Roberts

Installé à San Francisco, JOE ROBERTS mêle collages, peinture et figurines dans ses oeuvres. Petite discussion téléphoniq­ue avec un artiste qui carbure au LSD.

- Pierre Siankowski

NOUS SOMMES DANS LE BUREAU DE PEDRO WINTER, chez Ed Banger, pour préparer ce numéro dont le label est rédacteur en chef ; et là, il désigne un dessin accroché au mur : “Mais voilà, c’est sur ce mec qu’il faut faire un truc, Joe Roberts, un gars qui dessine sous LSD et qui vit à San Francisco, il a dans les 40 ans, ça commence à cartonner pour lui !”

Pedro nous montre un truc très enfantin, qui pourrait presque rappeler le travail pictural de Daniel Johnston, en un peu plus taré encore (c’est dire). “Je suis en contact avec lui, je vais vous filer son mail.” Mail reçu, mail envoyé chez Joe Roberts.

On se demande si Joe Roberts a un rapport avec le Joe Roberts qui est shérif, et dont parle Bruce Springstee­n dans Highway Patrolman (chanson tirée de l’album Nebraska), qui a servi d’inspiratio­n au film The Indian Runner de Sean Penn neuf ans plus tard, en 1991. En attendant la réponse, petit round up sur le net, car on sait peu de choses sur lui. Les recherches commencent. Joe Roberts est fasciné par les tortues Ninja, par les petits aliens genre Roswell, par les soleils type boule de feu, les collages d’images piquées dans des catalogues de jouets qu’il insère dans ses oeuvres. Une autre chose est sûre, Joe Roberts est fasciné par le LSD : l’une de ses expos a d’ailleurs pour titre LSD Worldpeace.

Le père Roberts répond hyper vite

Quand il a commencé à dessiner, en 1993 ou 1994, il écoutait Nirvana, les Beastie Boys et le Wu-Tang

par mail, et un rendez-vous téléphoniq­ue est calé avec San Francisco. Nous allons parler avec la bête. Allô, c’est Joe Roberts ? “Oui, oui, c’est Joe Roberts.”

La voix est lente et la soirée semble avoir été longue : il est 9 heures à San Francisco et 18 heures à Paris, notre Joe n’a pas l’air en top forme. Ses mots se détachent comme des petites saucisses.

La discussion commence : il n’a rien à voir avec le héros du Springstee­n de Nebraska. Il est né dans le Wisconsin il y a quarante et un ans, il a vécu à Madison puis à Milwaukee avant de s’installer à San Francisco, la ville de Jerry Garcia et du Jefferson Airplane, dont il appréciait plutôt la musique.

Il a commencé à dessiner très jeune, et c’est à 16 ans qu’il a choisi de prendre du LSD pour booster un peu son travail.

L’enfance – comme chez Johnston, qu’il connaît un peu mais pas tant que ça – est un terrain de jeu pour son boulot. La musique aussi, au moins autant que les drogues : quand il a commencé à dessiner en 1993 ou 1994

– il ne se souvient plus trop –, il écoutait Nirvana, les Beastie Boys et le Wu-Tang. Aujourd’hui, il écoute de la musique au casque toute la journée : “Plein de trucs.”

Il n’a jamais rencontré Pedro Winter en vrai mais il savait qui il était lorsque ce dernier lui a envoyé un mail. Il lui arrive parfois de passer Justice en dessinant, il aime bien ce groupe et ses pochettes. Plus on parle à Joe Roberts, plus il nous fascine. Il nous dit qu’il a peu de temps et qu’il n’est pas à l’aise au téléphone. Alors pour finir, on lui demande quelles sont ses principale­s inspiratio­ns : “Euh, mon grand-père, mon chien Kevien et euh... George Lucas ! Je suis un dingue de

Star Wars.” Génie ?

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