Les Inrockuptibles

Romain Duris et Lætitia Dosch

Acteurs dans Nos batailles de Guillaume Senez

-

Romain Duris et Lætitia Dosch partagent les plus belles scènes de Nos batailles, second long métrage de Guillaume Senez. Ouvrier dans un entrepôt qui pourrait appartenir à Amazon, Duris se fait plaquer par sa femme qui ne supporte plus leur vie fragile. Sa soeur, jouée par Dosch, vient l’aider quelques semaines à s’occuper des enfants et, tandis que leur complicité explose à l’écran, le film se réchauffe et s’adoucit, s’ouvrant comme un bon vin (si l’on nous autorise la métaphore). Rencontre avec deux comédiens qui semblent se connaître depuis toujours alors qu’ils se sont rencontrés sur le tournage…

Guillaume Senez n’écrit pas de dialogues et demande à ses comédiens d’improviser, n’est-ce pas ?

Romain Duris — Oui, il écrit juste un traitement, un canevas, quelques lignes à partir desquelles on improvise. Pour un acteur, c’est attirant parce que ça amène autre chose.

Lætitia Dosch — La première fois que je l’ai rencontré, pour son précédent film, Keeper, j’étais un peu surprise : il m’a tendu une page en me disant : “Voilà, c’est le scénario”. J’aime toujours quand c’est l’aventure, et là ça l’était doublement : premier long métrage et impro. Quand Guillaume m’a parlé de son envie, pour le second, de mêler problèmes sociaux et problèmes d’intimité, il m’a semblé que c’était à nouveau une bonne approche.

Il y a beaucoup de préparatio­n ? De prises ?

Romain Duris — Eh bien pas tant que ça, en réalité. Disons, pas plus que pour n’importe quel film. Cette méthode de travail pousse à l’écoute. Ça remet tout le monde à égalité. On écoute, on propose, on invente.

Lætitia Dosch — On s’est bien entendus directemen­t avec Romain, du coup ça s’est passé très facilement. Tout le monde sur le plateau est extrêmemen­t bienveilla­nt, et les idées peuvent surgir de partout. Personne ne juge personne.

Romain, est-ce vous avez passé du temps avec des ouvriers de chez Amazon pour voir quelles étaient leurs conditions de travail ?

Romain Duris — Amazon a refusé de nous recevoir, mais j’ai lu l’excellente enquête intitulée En Amazonie de Jean-Baptiste Malet, qui s’est infiltré pendant des mois dans un de leurs entrepôts logistique­s français. En revanche, j’ai pu passer du temps dans l’usine dans laquelle on a tourné, où les conditions de travail ne sont pas aussi dures que chez Amazon.

Est-ce que vous revendique­z le caractère politique de ce film ? Vincent Lindon et Stéphane Brizé, par exemple, ne pensent pas que leur dernier film, En guerre, le soit…

Lætitia Dosch — C’est une question difficile.

C’est comme l’épithète “film de femme” : on n’a pas forcément envie d’être réduit à ça. Maintenant, dans la mesure où Nos batailles parle d’une situation réelle, qui touche la vie des gens, et sur laquelle Guillaume a un point de vue, alors oui, je pense que le film est politique.

Romain Duris — Même l’aspect intime du film est politique à mon sens. Le couple brisé est comme une équipe de travail sur laquelle on a trop tiré.

Lætitia Dosch — Bref, le film est politique, mais c’est d’abord un film, de cinéma. Propos recueillis par Jacky Goldberg Semaine de la critique. En salle le 10 octobre

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France