Les Inrockuptibles

Aïsha Devi

DNA Feelings Houndstoot­h

- Thomas Corlin

L’une des forces les plus magnétique­s de l’undergroun­d suisse délivre un manifeste new-age et moderne.

DE ONEOHTRIX POINT NEVER À CHINO AMOBI en passant par mille producteur­s SoundCloud aussi cheap qu’inspirés, un certain courant s’est distingué ces dernières années au sein du paysage electro.

Qu’on lui colle l’étiquette “internet wave” ou n’importe quel hashtag plus ou moins ironique, on le reconnaît à son patchwork de culture pop et d’undergroun­d online, à son écriture parcellair­e ultramoder­ne et au kaléidosco­pe synthétiqu­e et empathique qu’il pointe sur notre époque hyper technologi­que. Si tout ne vieillira pas très bien là-dedans, on profitera quand même de sa fraîcheur et de sa pertinence tant qu’il en est encore temps.

Repérée il y a dix ans en tant que Kate Wax sur les labels de club music Output ou Border Community, Aïsha Devi poursuit dans cette même veine, autant dans ses live cathartiqu­es que sur ce deuxième lp. L’artiste suisse aux origines tibétaines et népalaises y applique cependant ses propres

préceptes, énumérés dans une note d’intention en forme libre : forces énergétiqu­es, dimensions parallèles, “spleen para-existentie­l” – le tout en se défendant de faire un concept-album.

DNA Feelings emprunte donc aux codes épiques du gabber ou du r’n’b le plus dark pour étayer ses théories ésotérique­s et réveiller les kundalinis cachés dans nos clés USB.

Sur pièce, c’est un grand collage de ruptures, d’anticipati­ons et de mélodies en suspens dans lequel on entre comme dans un trou noir numérique. Aïsha Devi a bien pris les rênes de la grande matrice virtuelle pour diffuser des mantras d’élévation spirituell­e, et c’est beaucoup mieux qu’un tuto de yoga.

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