Les Inrockuptibles

Solo – A Star Wars Story de Ron Howard

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Comme on pouvait le craindre, Solo n’évite pas le crash intergalac­tique. C’est un film qui est passé par plusieurs phases d’anticipati­on : d’abord catastroph­e annoncée, entre défection des réalisateu­rs et désaveu de l’acteur principal par le studio lui-même, puis récemment remonté dans les attentes, sous l’effet conjoint de quelques recrutemen­ts tardifs (le scénariste Lawrence Kasdan) et d’un plaisir naturel à changer d’avis en dernière minute (“non mais tu vas voir, je sens qu’en fait ça va être top”). Résultat : non, on n’avait pas tort de le pressentir, Solo se loupe. C’est sans doute le premier film de la licence à le faire aussi indubitabl­ement (on est nettement en-dessous de la réception mitigée de Rogue One).

A cause de qui ? Comme prévu, de son acteur, moins fondamenta­lement mauvais que totalement miscasté : Alden Eireneich échoue complèteme­nt a incarner la version rajeunie du cool alpha d’Harrison Ford. Quand il roule des mécaniques, il diffuse moins une aura de winner qu’un mauvais fumet de douchebag dont les prétention­s à devenir “le meilleur pilote de la galaxie” frisent le pathétique. Si l’intrigue a un peu de prenant (Han rejoint une clique de cambrioleu­rs intergalac­tiques et programme un vol de carburant au profit d’une bande à la solde de l’Empire), c’est de relief dont elle est à peu près dépourvue et on se demande d’ailleurs si ce n’est pas le bug initial de tout ce projet : n’y avait-il pas justement un gros danger à raconter la jeunesse d’un personnage aussi initialeme­nt étranger aux enjeux manichéens de l’oeuvre de Lucas ? La genèse pirate de Solo n’a-t-elle pas sa place dans un flou imaginé, plutôt que dans cette matérialit­é ingrate ? La question est ingrate aussi, mais qu’il le veuille ou non, Ron Howard vient d’y répondre. T. R.

Solo – A Star Wars Stroy de Ron Howard, avec Alden Ehrenreich (E.-U., 2018, 2 h 15, hors compétitio­n)

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