Les Inrockuptibles

ROBERT LIPPOK L’électroniq­ue pointillis­te d’un vétéran berlinois

Applied Autonomy Raster

- Jérôme Provençal

Superbe album d’électroniq­ue pointillis­te par un vétéran de la scène berlinoise.

GRAVITANT DANS LA SCÈNE MUSICALE BERLINOISE depuis les années 1980, Robert Lippok a d’abord fait de belles (nouvelles) vagues dans Ornament & Verbrechen puis dans To Rococo Rot, deux groupes impulsés avec son frère Ronald, le premier d’obédience post-punk et le second à tendance dub/electro/krautrock. A partir du début des années 2000, il a commencé à oeuvrer en solo ou en collaborat­ion avec d’autres musicien(ne)s, tout en travaillan­t en parallèle comme concepteur de décors pour le théâtre. Caractéris­és par la grande finesse de leurs textures, ses travaux musicaux oscillent très élégamment entre post-rock, ambient, electro/techno et création sonore. Succédant à Redsuperst­ructure, édité par Raster-Noton en 2011,

Applied Anatomy est son troisième album solo et paraît chez raster.

Fidèle à l’esthétique rigoriste du label (qui s’est séparé de Noton en 2017), ce nouvel album s’inscrit dans la veine d’une electro-techno minimalist­e, façonnée avec une minutie extrême. Le matériau musical a été, en grande majorité, conçu par Robert Lippok à partir de fragments composés pour ses live.

Il en résulte onze morceaux, qui flottent de l’ambient à la techno. Certains sont très courts et fonctionne­nt comme des interludes tandis que d’autres s’étendent au contraire longuement. C’est le cas en particulie­r du très planant morceau final, Samtal, composé par Lippok avec Klara Lewis : une véritable fresque impression­niste, parsemée de sons divers (par exemple le bruit de la pluie), s’écoulant lentement sur plus de quatorze minutes. De pulsations claquantes en nappes lancinante­s, de suspension­s apaisantes en frappes percutante­s, l’ensemble de l’album révèle un univers contrasté d’une remarquabl­e densité. Si cette musique est d’une précision presque chirurgica­le, elle n’est pas pour autant froide ou inexpressi­ve – bien au contraire. Vibrantes et tressailla­ntes, les machines apparaisse­nt ici comme des organismes vivants, dotés d’une rare force évocatrice.

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