Les Inrockuptibles

INTERVIEWS SEXPRESS

Virginie Ledoyen, Flavien Berger, Vincent Lacoste, David Lopez, Caroline Poggi et Jonathan Vinel, François Chaignaud, Clara Luciani, Helena Hauff, Kadhja Bonet, Kiddy Smile : ils nous offrent un selfie et leur vision de la la sexyness.

- PROPOS RECUEILLIS PAR Carole Boinet

avec Virginie Ledoyen, David Lopez, Kadhja Bonet, Flavien Berger, Clara Luciani, François Chaignaud, Vincent Lacoste, Helena Hauff, Kiddy Smile…

Virginie Ledoyen “Je ne suis pas cul-bénit, mais c’est très intime quand même”

On l’a vue dans MILF d’Axelle Laffont et on se souvient de sa scène d’amour avec DiCaprio dans La Plage. Elle nous confie avec malice sa passion pour Prince et la liberté.

Tu as marqué une génération d’ados avec La Plage…

C’est resté un super souvenir parce que c’était Danny Boyle, c’était mon premier film “en Amérique” et c’était DiCaprio, la star du moment. En plus, on tournait en Thaïlande. Pour le coup, à l’écran, la scène d’amour avec la musique des All Saints est très jolie, mais à tourner… on est sous la flotte, on s’embrasse sous l’eau, on a de la morve partout, on crache… Ce n’est pas glam du tout ! (rires)

DiCaprio était un sex-symbol pour toi ?

C’était le sex-symbol de l’époque. En plus, je suis une fan hardcore de Titanic. J’adore Kate Winslet en parlant de sexy ! Et, lui, c’est un acteur prodigieux.

Tu as grandi avec un sex-symbol ?

Oui. Et il l’est toujours, c’est Prince. Pour moi, c’était ça le sexy : le groove, le travestiss­ement, le talent… Le talent, je trouve ça hypersexy. Je me souviens de sa tournée Lovesexy, j’étais petite, je ne pouvais pas aller le voir et ça me semblait très sulfureux. La fille de mon beau-père était folle de Prince et l’écoutait en permanence. Du coup, je trouvais aussi ça dingue. Mais comme une petite fille de 8-9 ans vis-à-vis d’une plus grande de 17 que je trouvais géniale ! Donc, je dansais sur Prince et je danse toujours sur Prince ! C’est une constante. Sinon Bob Marley, je trouve ça très, très sexy ! Pour moi c’est un génie, je l’adore !

Avais-tu un pendant féminin de Prince ?

Pas de façon directe, mais je dirais que Cat Power, Patti Smith sont sexy. Donna Summer aussi ! Patti Smith, je la trouve libre. Et la liberté, c’est sexy. Les gens qui s’assument, qui tracent un sillon. Prince est sexy avant tout pour ça, non pas parce qu’il était androgyne, mais parce qu’il était buté, enfin… plutôt ultracohér­ent.

La vulgarité ça peut être sexy ?

Oui. Par exemple, Britney Spears à 17-18 ans, malgré son nombril à l’air !

On t’a souvent ramenée à ta voix grave. Ça te saoulait ?

Non. Quand on est acteur, actrice, on expose quelque chose de soi qui va, par définition, nous échapper. Il n’y a pas à lutter ou être irrité, sinon autant faire autre chose ! Qu’est-ce qui fait qu’on retient la voix, la démarche, le regard de tel ou telle ? Je ne sais pas, c’est tellement subjectif. Mais ce que je sais, c’est que ça ne nous appartient pas.

Comment apprend-t-on à se dire “ça ne m’appartient pas” ?

C’est une partie de soi mais planquée derrière un film, un metteur en scène, un personnage. Il y a quelque chose de l’ordre de l’abandon. Evidemment, je préfère qu’on en pense du bien mais ça ne m’appartient pas des masses non plus.

Cette histoire d’abandon se retrouve dans le rapport sexuel… Il y a un parallèle entre les deux pour toi ?

C’est comme des petites morts. Mais on n’y met pas les mêmes choses. Là où je ferais le parallèle, c’est qu’il me semble que quand je tourne, il y a quelque chose de vertigineu­x. Il peut y avoir ça dans un rapport sexuel. On ne sait pas nécessaire­ment où on va.

Ce qui intrigue toujours, ce sont les scènes de sexe au cinéma…

Mais tant mieux ! Heureuseme­nt que le spectateur pense que ce n’est pas possible que ce soit pour de faux !

Et ta première scène de sexe ?

C’est dingue, je ne m’en souviens pas… Faut le faire !

(elle réfléchit longuement) C’est intéressan­t finalement que je ne m’en souvienne pas, car c’est beaucoup plus rough que ce que l’on imagine. Il peut y avoir un moment de grâce entre deux êtres humains mais ce n’est pas sensuel pour un sou. C’est mécanique, souvent découpé, c’est du jeu ! Quoiqu’on puisse se prendre au jeu…

Une scène de sexe au cinéma t’a-t-elle déjà frappée ?

Valérie Kaprisky dans La Femme publique. Je devais avoir 10 ans. Le film est sauvage et Kaprisky dingue. Il y a une scène de danse de fou. Quand c’est réussi, la danse au cinéma c’est très sensuel, voire très violent comme sensation.

Trouves-tu utile de parler de sexe ?

Ce n’est pas inutile car c’est au coeur de notre société, mais je suis assez pudique. Je ne juge personne, je ne suis pas cul-bénit mais c’est très intime quand même… Pour le coup, il faut être libre avec cette parole. Si on en parle comme un sujet en soi, ça m’intéresse assez peu.

A travers le sexe on peut aussi parler du genre…

Oui. Et de la société. Moi je n’ai pas grandi avec internet : on avait des magazines de cul mais pas cette profusion. Depuis que j’ai des enfants, je me suis posé la question de YouPorn, de comment on grandit à 12 ans quand on a déjà tout vu sur son téléphone portable. A mon époque, c’était plus simple je crois. On n’avait pas cette masse d’informatio­ns permanente­s, que je trouve vraiment dégueulass­e. Physiqueme­nt, regardez à quoi ressemblen­t les nanas et les mecs des pornos… les gamins de 12 ans vont se comparer à eux.

Britney Spears renvoyait une certaine image aux jeunes ados elle aussi, un modèle à copier…

Oui, mais tu ne l’avais pas sur ton portable n’importe quand. C’était des images sporadique­s et fantasmago­riques. Quand on est enfant, adolescent, la chose la plus excitante est la transgress­ion, on se construit avec ! Mais le trop-plein d’informatio­ns dilue la transgress­ion. Aujourd’hui, je ne sais pas ce qui est transgress­if. Après, les stéréotype­s homme/femme sont partout, dans les livres, dans le rock de manière très claire… Il faut prendre les choses avec de la distance. Même ado, on n’est pas que des éponges. C’est amusant de jouer avec ces stéréotype­s, ça donne du sel à la vie. Comme le fait Lana Del Rey par exemple, elle en joue, elle en use et abuse.

Y a-t-il un livre que tu trouves troublant ?

Le Ravissemen­t de Lol V. Stein de Marguerite Duras, surtout quand on est gamin. Je devais avoir 12 ans quand je l’ai lu.

Tu as grandi plus vite que les autres enfants…

J’ai grandi dans un monde d’adultes donc beaucoup plus tôt que les autres enfants. Mais j’aimais être avec des grands. J’aimais bien apprendre, attraper. Après, le cinéma français a quand même une certaine idée de la jeune fille, de la muse, qui est de facto très érotique… Ce n’est pas un érotisme désagréabl­e, je ne me suis pas sentie manipulée pour autant. La jeune fille, la jouvence… ce sont aussi des films que je peux aimer regarder. Comme Lolita, un roman que j’adore par exemple !

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