Les Inrockuptibles

Senta Simond

- Carole Boinet et Aurélie Derhee

“Je devais avoir 11 ans. j’ai invité des copines chez moi, on s’est déguisées, on a posé et j’ai pris des photos avec un appareil jetable.” Ainsi débute la relation fusionnell­e de la Suissesse Senta Simond avec la photograph­ie, qui la conduit à étudier l’esthétique et la théorie du cinéma à l’université de Lausanne. “C’est à ce moment que j’ai construit mon regard. J’étais très attirée par la création de l’image et l’atmosphère.” La jeune femme découvre Le Rayon vert d’Eric Rohmer, qui suit la quête d’amour de Delphine et tire son titre d’un phénomène optique : le tout premier et tout dernier rayon de soleil apparaissa­nt à l’horizon, sur la mer, par temps dégagé. S’il n’y a pas à proprement parler de rayon vert dans le recueil photo de Senta Simond, qui l’a pourtant titré ainsi, il y a la volonté de capter la mystérieus­e beauté émanant de ses modèles, qui devient dès lors son rayon vert à elle. Tout en les déshabilla­nt, Senta Simond refuse d’objectifie­r, d’over-sexualiser ses amies, proposant ainsi un “female gaze”, une autre vision du corps féminin comme une autre forme d’intimité, minimale, presque abstraite. Et d’ajouter : “Je trouve la nudité belle et pure, et il est plus facile d’être hors du temps sans vêtements. Cela vient probableme­nt aussi de mon intérêt pour le surréalism­e et le modernisme, qui ont souvent utilisé le corps comme matériel photograph­ique.” Livre Rayon vert (Kominek, mai 2018) Exposition A partir du 3 septembre au FOAM, Amsterdam sentasimon­d.com, instagram : @senta.simond

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France