Les Inrockuptibles

“L’autorité présente une forme de danger très excitante”

Un premier album, One Trick Pony, fin août et un premier film, Climax de Gaspar Noé, en septembre. D’ici là, il défend la bitchy house et la culture des stripeuses.

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Tu as baptisé ton dernier single Dickmatize­d, c’est quoi être “bite-isé” ?

Etre hypnotisé par les prouesses sexuelles d’un partenaire qui vous fait oublier que c’est un très mauvais partenaire.

Le clip comme le morceau sont bourrés d’allusions sexuelles, tu n’avais pas peur d’aller trop loin ?

Je ne me censure pas et ce titre s’inscrit dans la lignée des grands classiques de la bitchy house des nineties, où l’on se permettait tout, et qui étaient interprété­s par des voix féminines de drag-queens. Quelque chose d’un peu mort que je voulais remettre au goût du jour.

C’est quoi la vulgarité dans le sexe ?

Faire quelque chose dont on n’a pas envie pour faire plaisir. Je viens d’un milieu, d’une culture – la culture noire – où la vulgarité est vite glorifiée. Comme dans la culture US des stripeuses noires : il y a quelque chose de très vulgaire que je trouve absolument génial. Et puis, c’est vulgaire par rapport à quoi ? Qui donne la définition ? Certaines choses sont vulgaires quand certaines personnes les font, et quand elles sont récupérées elles ne le sont plus. Comme le twerk : quand Beyoncé le fait, c’est vulgaire, quand c’est Miley Cyrus, elle en devient la créatrice

et c’est révolution­naire ! Le principe de vulgarité, ça ne me parle pas trop.

Ta musique est très liée à ta sexualité, pourquoi ?

Ma sexualité n’est pas juste ce que je suis mais aussi une partie de qui je suis. J’en parle parce que ce n’est pas assez représenté et je trouve cool que des jeunes trouvent chez moi des choses dans lesquelles ils se reconnaiss­ent. Il n’y avait pas ça quand j’ai grandi. Je regardais du côté de George Michael mais il fallait faire des relectures, des interpréta­tions interminab­les en se disant “peut-être que ça parle de mon histoire !”

Tu as tourné dans Climax, le prochain Gaspar Noé. Les scènes de sexe de ses films t’ont choqué ?

Irréversib­le m’a choqué. Ça questionne beaucoup de choses, ce viol de vingt minutes, notamment la position du spectateur. Tu as le devoir moral de te lever. Je comprends que des gens l’aient fait… Surtout, je me suis demandé comment il avait convaincu Monica Bellucci de faire cette scène, d’autant qu’il fait refaire les scènes près de vingt fois…

Tu te souviens de la première scène de sexe que tu aies vue au cinéma ?

Basic Instinct. Je devais avoir 6 ans. Mon père était directeur d’un cinéma

au Cameroun, où on passait nos journées. Je me suis juste dit : “Ça, c’est très, très bizarre.” J’étais embarrassé car je savais ne pas devoir regarder ça.

Et ta scène préférée ?

La première scène d’orgie de Sense8. Très intense et très classe. C’est l’histoire de gens reliés télépathiq­uement. A un moment, des personnage­s couchent avec leur partenaire respectif mais comme ils sont reliés, ça se transforme en orgie sensoriell­e géante. Des mecs hétéros expériment­ent des relations homos, etc. Tout est mélangé et j’ai trouvé ça d’une beauté incroyable. Je me suis dit : “Bah voilà c’est comme ça que ça doit être filmé, voilà enfin une scène de cul qui ne fait pas honte et dont la portée symbolique est incroyable.”

La modernité, c’est la fluidité ?

Non ! Ce n’est pas parce que les hétéros ont découvert quelque chose que ça devient moderne. Ça a toujours existé. Je ne crois pas qu’il y ait de la modernité dans le sexe. C’est très dur avec le peu d’outils qu’on a d’inventer quelque chose de nouveau sachant que l’être humain existe depuis très longtemps.

Une tenue sexy ?

L’uniforme. C’est classique, mais l’autorité présente une forme de danger très excitante.

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